Au Sénégal, l’opposant Ousmane Sonko a été interpellé vendredi après-midi 28 juillet devant son domicile. Le dirigeant du Pastef, déjà condamné il y a deux mois à deux ans de prison par contumace pour « corruption de la jeunesse », a cette fois été mis en garde à vue pour « vol de téléphone portable et appel à l’insurrection », précise le parquet de Dakar. Les avocats d’Ousmane Sonko dénoncent une « accusation ridicule ».

Le procureur de la République près du tribunal hors classe de Dakar explique, au début de son communiqué publié ce vendredi soir, que « depuis un certain temps, il a été relevé à l’encontre du sieur Ousmane Sonko des actes, déclarations, écrits, images, et manœuvres sur plusieurs supports et en diverses circonstances ».

Mais il est en fait reproché à M. Sonko d’avoir pris à partie, ce vendredi après-midi, une gendarme en lui confisquant avec force son téléphone portable alors que cette dernière le filmait devant son domicile à la cité Keur Gorgui, à son retour de la mosquée après la prière du vendredi. Il a été interpellé à son domicile par des membres du GIGN, le groupement d’intervention de la gendarmerie nationale.

Le dirigeant du Pastef lui-même, sur les réseaux sociaux juste avant son interpellation, a expliqué qu’il avait « arraché » ce téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller pour effacer les images prises, ce qu’elle aurait refusé : « De retour de la prière du vendredi, les agents des renseignements généraux postés devant mon domicile 24 heures sur 24 se sont mis à me filmer. J’ai personnellement arraché le téléphone et demandé à la personne de le déverrouiller et d’effacer les images qu’elle a prises, ce qu’elle refusa. »

Le procureur donne sa version des faits : « Ce jour, dans l’après-midi, il a volé avec violence le téléphone portable d’une femme gendarme, dont le véhicule était tombé en panne aux abords de son domicile, et a aussitôt appelé le peuple, par un message subversif divulgué sur les réseaux sociaux, à se tenir prêt. Ainsi, ai-je instruit la sûreté urbaine du commissariat central de Dakar d’ouvrir sans délai une enquête exhaustive pour divers chefs de délits et crimes à son encontre et de toutes autres personnes impliquées. »

Selon Me Bamba Cissé, coordonnateur du pôle d’avocats d’Ousmane Sonko, les accusations contre le dirigeant du Pastef sont « ridicules » et servent de prétexte parce que toute arrestation de son client ferait tomber la peine par contumace déjà prononcée contre lui.

L’accusation qui consiste à dire que le chef de l’opposition sénégalaise a subtilisé un téléphone portable est une accusation ridicule, et notre position de principe, c’est qu’il a été arrêté simplement pour créer un dossier parallèle au dossier de contumace. La loi sénégalaise dit que lorsque l’accusé se livre comme prisonnier ou lorsqu’il est arrêté, la peine et le jugement qui lui ont été infligés de deux ans ferme tombent à l’eau. Donc, dans la perspective de vouloir créer une infraction parallèle, on l’a arrêté pour une autre cause, on a voulu chercher un prétexte.

Contrairement à ce qu’il se passait il y a quelques semaines, au début du mois de juin par exemple, à Dakar, où il y avait beaucoup de manifestations, pour le moment, la capitale du Sénégal est calme. On attend d’en savoir un peu plus. Ousmane Sonko est présentement gardé, nous dit-on, à la gendarmerie, à Colobane, par la section de recherche pour interrogation.

RFI

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