Il y a des matins où le monde paraît trop lourd, et pourtant… j’ouvre le journal. Un vieux geste, presque anachronique. Le papier crisse, l’encre laisse parfois un soupçon sur les doigts. Et là, entre deux nouvelles nationales et un éditorial un peu sentencieux, un titre discret : « Une école réhabilitée par ses anciens élèves ». Je lis. Je souris.

On croit que la presse ne fait que refléter nos désillusions, mais c’est mal la lire. Elle est aussi le réservoir des petites joies, des grandes espérances, des élans inattendus. Elle donne à voir ce que la vie fait de mieux, sans tambour ni trompette. Le bonheur, dans la presse, ne s’affiche pas en une. Il se faufile. Il s’infiltre. Il attend qu’on le repère.

Je me souviens d’un article sur ces femmes des îles du Saloum repiquant la mangrove avec le sourire de l’espoir. D’un autre que j’avais écrit sur la fabuleuse histoire d’amour entre George Console, le repreneur du Bou El Mogdad et sa jeune compagne sur ce bateau mythique. De ce chef cuisinier qui refuse l’étoile, mais cuisine pour les sans-abri. Ce sont ces portraits de vies ordinaires qui, tout à coup, deviennent lumineuses sous la plume d’un journaliste curieux et bienveillant. Ça n’a l’air de rien. Et pourtant, ça allège.

La presse est souvent accusée de noircir le tableau. Mais il suffit d’un regard un peu plus attentif, un peu plus tendre, pour y voir aussi les couleurs. Elle est notre miroir, oui, mais pas seulement. Elle est aussi notre mémoire, notre conscience, notre espoir tenace. Un monde raconté, c’est déjà un monde un peu mieux partagé.

Alors je continue à lire. Non pour me détourner du réel, mais pour mieux l’habiter. Car, quelque part entre les lignes, un visage, un geste, un mot, me rappellent que tout n’est pas perdu. Et qu’au fond, oui : le bonheur est dans la presse.

Excellente journée mondiale de la liberté de la presse à tous les journalistes d’ici et d’ailleurs.

Si. Di.
Le 03 mai 2025