Atépa le bâtisseur ! C’est un don de Dieu. Une grâce divine. Oui, Atepa, est un nom et une référence dans le cercle des architectes ! Son aura international d’homme doué pour ériger des villes dans des forêts tropicales est connue et reconnue de tous. En Guinée équatoriale, la ville de Bata : c’est l’infini œuvre de cet homme. Il a tout réussi dans son domaine et a eu tous les honneurs nationaux et internationaux. La porte du 3ème Millénaire est à son actif. Disons simplement que l’homme fait l’unanimité dans son domaine. Il faut le lui reconnaître. A tout seigneur, tout honneur.
Cependant il y a un espace, ou l’homme n’a jamais su tirer son épingle du jeu : celui de la mare des crocodiles, qu’est la politique. L’enfant de Bayla, en dépit d’avoir connu des rivières et des rizières, a du mal à les traverser à gué. Il s’est toujours heurté à des obstacles qui l’empêchent de regagner la rive de la gloire. Pourtant, de Senghor à Abdoulaye Wade, en passant par le Président Abdou Diouf, Pierre a toujours chuchoté dans leurs oreilles. Tous ces trois l’avaient, successivement, nommé conseiller et lui prêtaient oreille attentive.
De même, dans le conflit casamançais, notamment ceux du MFDC, il y a joué un rôle de médiateur ; surtout que lui, le bâtisseur, est fils du terroir, où il est bien respecté. Au point de mettre sur pied le Cercle des cadres casamançais : une entité qui a mené à bien la médiation entre l’Etat le MFDC.
Dans ce registre, Atepa a tout récemment attiré l’attention de l’opinion, avec un pari « fou » du bâtisseur : réunir à faire fumer le calumet de la paix aux deux « ennemis jurés » à savoir Ousmane Sonko et Macky Sall. Vivement que la bâtisse s’érige et serve de havre de paix à toute la nation. Comme lui-même l’a si bien dit dans un entretien avec le quotidien Bés Bi de ce Week end, « mon rôle actuel est de réunir tout le monde autour d’une table. Mon souhait est de prendre la main de Sonko, la main du président Macky Sall et celles d’autres leaders politiques pour pacifier leurs relations dans l’intérêt suprême de la Nation. »
Ainsi, le débat est campé. C’est l’ultime objectif de Pierre Goudiaby Atéba.
Une ambition, suite au saut à chaud dans la mare aux crocodiles ? En tout cas, c’est là comme une tâche herculéenne.
Tant entre les deux protagonistes le mal est profond et déroutant. Les positions sont extrêmes. Il est vrai que sous nos tropiques, dans l’espace politique même les montagnes peuvent se rencontrer. N’empêche entre le géologue et l’inspecteur des impôts, le fossé reste béant. La césure est telle que qui s’y engouffre risque de sombrer dans les abysses. Elle s’est creusée un peu bien avant qu’Ousmane Sonko, haut cadre de l’Etat du Sénégal ne soit radié de la fonction publique le 29 août 2016 (par le décret n°2016-1239). Cela s’est passé sous la gouverne de Macky Sall. Il était reproché à l’inspecteur de dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, par obligation professionnelle. Autrement dit un manquement au devoir de réserve.
En atteste l’affaire des 94 milliards. A l’époque Ousmane Sonko, député avait saisi l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC) d’une plainte portant sur des « transactions immobilières irrégulières et de détournements de deniers publics. » Et les investigations menées par l’institution avaient quasiment donné raison à Ousmane Sonko.
Dans l’affaire Pétro-Tim, également, l’ancien député du Pastef avait crié haut et fort l’implication de Aliou Sall, jeune frère du chef de l’Etat, dans une perception de pots-de-vin. Des affaires qui n’ont pas, jusque-là, connu leur épilogue. Et, elles mettaient en scelle des proches de Macky Sall, en l’occurrence Mamour Diallo, Aliou Sall.
Ce qui a, sans doute, sécrété une haine viscérale et une politique de discrédit entre le pouvoir et le bouillonnant jeune politicien. Qui vient de porter son parti sur les fonts baptismaux. Ce fut en janvier 2014. Et très vite, il devient la « bête noire » du régime. Tant ces dénonciations ont trouvé des échos chez la masse populaire, notamment chez les jeunes. Ainsi, le Pastef devint un rouleau compresseur et son président se hisse à la troisième place lors des présidentielles de 2019 avec 15,67 % des voix.
Le sommet du pic a été atteint dans l’affaire Adji Sarr. Un supposé viol avec menace de mort par arme à feu dont cette fille accuse Ousmane Sonko. Vérité ou pas une partie de l’opinion reste dubitative. Et Ousmane Sonko dans toutes ses sorties ne s’est jamais empêché de considérer le camp d’en face comme étant le principal commanditaire de ce « complot »(le régime). La dernière sortie en date est celle de lundi dernier. Quand il disait que l’Etat et la France sont en train de monter un dossier pour que demain “je ne puisse pas être candidat à la présidentielle”. Les évènements du 03 mars 2021 sont la goutte d’eau qui a fait déborder le vase (bilan 14 morts et 600 blessés en une semaine).
Somme toute, voilà quelques cailloux dans les chaussettes de notre bâtisseur Atépa. Dont la marche risque d’être longue et mouvementée.