Le Gouvernement a donné le ton de la campagne de commercialisation arachidière de cette année. Cependant le prix de 275 francs proposé par kilogramme d’arachides soulève dans les rangs des producteurs  frustrations et inquiétude. Une mesure, aussi, pas sans conséquences fâcheuses pour les huiliers locaux. Et, par ricochet, sur le Trésor public.

 Pour l’année 2022-2023, le prix plancher d’achat au producteur du kilogramme d’arachide est fixé à 275 FCFA, contre 250 FCFA lors de la précédente campagne. Une augmentation qui est, pour cette année, de 25 francs CFA. N’empêche, elle est jugée « dérisoire » par l’essentiel des associations de producteurs paysannes, pour ne pas dire toutes. Et, à juste raison ! Car compte tenu du très difficile contexte économique mondial, les producteurs tablaient sur 500 francs le kilogramme ou, à défaut, sur 325 francs que voulait leur comité interprofessionnel. Mais à l’issue du conseil des ministres de mercredi dernier, ni l’un, encore moins l’autre. Ce qui fait fulminer les paysans, sur les épaules desquels repose l’essentiel de l’économie du pays. La mesure a même ravivé leurs inquiétudes, parce qu’elle intervient dans un contexte national marqué par la cherté de la vie. D’où la question de savoir si le fonctionnaire moyen éprouve des difficultés à faire face à la flambée des prix, quel désarroi sera celui du paysan : ce n’est qu’avec son revenu à l’issue de trois à quatre mois de labeur, qu’il survit toute l’année ! Les paysans fulminent contre le prix fixé par l’Etat, du fait de la  situation économique mondiale provoquée par la guerre en Ukraine, en particulier.

Au niveau national, outre des intrants chers et une qualité de semences pas des meilleures, elle s’est exacerbée du fait d’une économie locale essentiellement extravertie : « même le prix du litre d’huile tirée des graines d’arachide du monde rural sénégalais triple celui proposé aux producteurs », constate-t-on, amèrement. Et l’amertume pourrait se retourner contre la Société nationale des oléagineux du Sénégal (Sonacos). Car si les opérateurs chinois ont été contraints par la pandémie de la Covid-19 à arrêter l’achat des graines d’arachide la campagne passée, pour la présente ils pourraient bien être là. Un retour vivement souhaité par les éprouvés paysans. Il s’y ajoute que la Sonacos a ses concurrents locaux. La société nationale pourrait ainsi revoir ses prétentions d’achat de cette année à la baisse, parce que ce sera, progressivement, la loi du plus offrant. La campagne démarre, officiellement,  ce 21 novembre.

Il est à rappeler que pour la campagne 2021/2022 la Sonacos, principal huilier du pays, avait déployé un programme de contractualisation avec les producteurs, visant à renforcer son approvisionnement local. L’opérateur avait même prévu le stockage de 65 000 tonnes d’arachide. Mais au terme de la dernière campagne, ce sont aux environs de 162 000 tonnes d’arachide qui ont été collectées au Sénégal, au profit de trois transformateurs locaux. Et, ça pourrait davantage se corser avec l’arrivée des Chinois et au désavantage du Trésor public sénégalais.

A D BADER