Le régime de Macky est-il aussi, à la suite de ses devanciers, un champion dans le domaine des lois rangées aux oubliettes ? Tout porterait à le croire ; tant dans sa tradition en matière de législation le Sénégal a depuis des années fait voter des lois, finalement rangées dans les placards. Destination que semble prendre celle relative aux produits et déchets plastiques.
Une série de lois et règlements votées depuis nos indépendances n’ont jamais été mises en application, malgré les tintamarres et intérêts qu’elles avaient suscités. Dans le lot, celle relative à la prévention et la réduction de l’incidence sur l’environnement des produits plastiques : le Sénégal l’a adoptée sous numéro 2015 -09 du 04 mai 2015. Cette loi est relative à l’interdiction de la production, de l’importation, de la détention, de la distribution des sachets plastiques entre autres mesures. Et comme pour calmer ceux dont sa promulgation avait suscité la résistance, voire le courroux, force est de constater que la situation n’a jamais changé depuis l’entrée en vigueur de la loi. Pour preuve, aujourd’hui et plus que jamais, à tout coin de rue les sachets et autres déchets plastiques font partie du décor des villes, autant que des villages. Ils dansent au gré du vent dans les maisons, les marchés, ruelles et avenues. Même des préservatifs utilisés traînent aux abords de lieux de culte ! Ce qui ne manque pas de créer des désagréments impactant sur la faune et la flore. Ce qui menace davantage plantes, animaux comme humains. Pire encore, d’après les avertissements des pêcheurs, le milieu marin est également négativement impacté par l’égoïsme et le laisser-aller des humains.
Des tares que renforce la légèreté dans le suivi des lois votées. Car outre celle au sujet des déchets plastiques, il y en a bien d’autres que le gouvernement tarde jusqu’à présent à prendre par les cornes. Dans le tas, on peut citer l’interdiction de fumer dans les lieux et espaces publique. « Cette loi exemplaire constitue une victoire importante pour la société civile Sénégalaise, qui s’est énormément mobilisée, lançant notamment des campagnes de sensibilisation très efficaces sur les réseaux sociaux », s’était, à l’époque, félicité l’observatoire du tabac en Afrique francophone. Dans l’euphorie, cet organisme de lutte contre le tabac avait naïvement crié tôt la victoire. Mais au regard des faits, le résultat n’est pas des plus reluisants. Car, cette loi adopté depuis le 14 mars 2014 peine à marquer son empreinte.
De même, le 30 juin 2016, le président Macky Sall avait ordonné le retrait de tous les enfants (talibés, mendiants mineurs) de la rue. Et qu’ils soient placés dans des centres d’accueil puis rendus à leurs parents.
Ils sont plus nombreux que jamais dans le décor, marchant sur des déchets plastiques et de mégots de cigarettes jetés à tout vent. Des lois alors définitivement enterrées par le pouvoir exécutif et oubliées par le législateur sénégalais ? On est tenté de le croire.