L’initiative est portée par Biram Senghor, citoyen sénégalais, fils de Mbap Senghor tombé sous les balles de l’armée coloniale française. Aujourd’hui, il vise à obtenir la reconnaissance légale de la responsabilité civile de l’État français dans la disparition et la dissimulation des corps des tirailleurs sénégalais tués par l’armée coloniale française à Thiaroye, en périphérie de Dakar.

La plainte, enregistrée sous le numéro de parquet 25175000244, a été rendue publique ce jour et transmise au Parquet du Tribunal judiciaire de Paris, compétent pour ce type d’affaires impliquant des responsabilités étatiques françaises à l’étranger.

Selon une attestation émise par le parquet, le dépôt de plainte a bien été enregistré, et l’État français est nommément visé comme civilement responsable.

Un crime d’État encore non élucidé

Le massacre de Thiaroye sur les tirailleurs sénégalais, perpétré le 1er décembre 1944, a vu des dizaines – voire des centaines, de tirailleurs africains, anciens combattants de l’armée française, abattus par l’armée coloniale alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs soldes et pensions. L’événement, longtemps occulté par les autorités coloniales, reste un trauma majeur dans l’histoire postcoloniale du Sénégal.

Malgré quelques reconnaissances politiques et symboliques au fil des décennies, aucune action en justice n’avait encore abouti sur le plan pénal ou civil. Cette plainte marque donc un tournant important dans la quête de vérité et de justice pour les descendants des victimes.

Vers une relance judiciaire de l’affaire Thiaroye ?

Avec cette démarche, Biram Senghor espère relancer le débat juridique autour du statut des victimes, de la localisation des corps et de la responsabilité étatique dans la dissimulation. L’accusation de recel de cadavres, rarement mobilisée dans ce type de dossier historique, repose sur l’absence persistante de sépultures identifiées, près de 80 ans après les faits.

Il appartient désormais au parquet de Paris de se prononcer sur l’ouverture éventuelle d’une enquête préliminaire ou d’une instruction judiciaire.

Par BLD