C’est encore mal parti. Ces nouveaux élus, ces députés du peuple, ces représentants de la plèbe sont entrés par la petite porte. Encore des ratages! La rupture est –elle devenue un idéal ou mieux une utopie dans ce pays ? Le faisceau de lumière né des dernières législatives risque d’être éclipsé par ce « honteux scénario » retransmis depuis l’hémicycle.
La quatorzième législature dont à sa tête Amadou Mame Diop (nouvellement élu président) était perçue avec beaucoup d’espoir : pour enfin marquer une rupture d’avec ce que les Sénégalais ont connu. Mais quiconque a suivi le déroulement du vote portant l’installation du bureau a vite déchanté. Les députés de cette nouvelle législature, qui prend effet à partir de ce lundi, ont tout faux de se prendre pour les représentants du peuple. Le peuple Sénégalais dans sa diversité et dans son unité aura forcément du mal à reconnaitre ses représentants dans la deuxième institution de son pays. Ce que ces gens ont servi cette après-midi comme spectacle ne présage pas des lendemains meilleurs dans l’histoire politique du pays.
« Si tu éduques les enfants tu n’aura pas à punir les adultes » avait dit Platon. Cette assertion sied à merveille à ce que les députés ont servi aux sénégalais, en ce jour d’installation des nouveaux élus. Comme des enfants dans une cour de récréation, les nouveaux élus se sont encore donnés en spectacle : par des chahuts, des huées et même des échauffourées. Ce lundi, l’ambiance au sein de l’hémicycle était vindicative. Les nerfs se sont chauffés. Tout cela dit-on pour l’intérêt du peuple. Sur ce, le moins averti des votants de ce 31 juillet 2022 se garderait d’y croire.
Au nom de quoi et de qui des députés ont tenté de bloquer un vote ? Et de quel droit se permet-on de distribuer des enveloppes contenant des bulletins de vote ?
C’est cette façon de faire qui a irrité les députés de l’opposition. Pas certainement pour l’intérêt supérieur du peuple. Il a bon dos, ce peuple. Tout est dans son intérêt mais il est tout de même abusé. Ces représentants qui ne jurent que par son nom, se soucient assez souvent moins de son confort.
Pour la première fois après les évènements de 1962 opposant, Senghor à son Premier ministre d’alors Mamadou Dia (Président du Conseil), des forces de l’ordre sont intervenues pour rétablir l’ordre afin que le vote se déroule normalement.
En tous les cas les intérêts supérieurs du peuple devrait prévaloir sur toute chose. Cependant, au vu du dérouler des évènements de ce lundi, l’intérêt général à céder place à l’intérêt spécifique. Car force est de reconnaitre que chaque partie a privilégié ses intérêts crypto personnels sur les intérêts de la Nation : à savoir contrôler la présidence de la deuxième institution avec tout ce que cela incombe comme prérogatives.
Assez d’entretenir des représentants bandant des muscles au sein de l’hémicycle, assez des représentants qui déshonorent son peuple : par des invectives, des railleries et des insultes. Et les évènements de ce lundi le confirment : le chemin qui mène vers une Assemblée nationale de rupture est loin d’être amorcée.