Les nouveaux représentants du peuple à cette 14 ème législature ont un sacerdoce , tant les attentes sont nombreuses. Le soir du scrutin aux environs de 18 heures, les électeurs sénégalais ont exprimé leur désir de rupture. C’est selon. En attestent certains scores qui sont recueillis dans des bastions, jadis acquises à la cause de BBY. À titre d’illustration on peut citer Goudomp, Sedhiou, Thies…Même si des analystes ont tenté de trouver d’autres raisons à cette deconvenue de la mouvance présidentielle dans ces zones. Mais la constante est que le peuple désire bien un changement au sein de l’hémicycle. Quelques avis, recueillis dans les artères de la capitale du Saloum donnent une idée sur leur désir de rupture à l’Assemblée nationale.
À Leona quartier du centre de ville de Kaolack, devant le marchand de journaux quelques curieux scrutent les unes des journaux. Le vieux Mamadou Mbodji, enseignant à la retraite tient un quotidien. ” J’ai accompli mon devoir civique”, nous renseigne-t-il. À la question qu’attent-il de cette 14 ème législature? Sans ambages, avance – t-il, ” une rupture. Nous en avons assez des députés qui ne font qu’applaudir et absentéistes. Entant que nos représentants, ils ont le devoir de voter des lois qui arrangent le peuple et non des lois au détriment de celui-ci”. Il cite comme exemple la loi sur le parrainage. Pour lui, elle “n’a aucune pertinence.” ” Elle est la conséquente de l’invalidation de la liste nationale de Yewi”, a-t-il ajouté.
Prêtant attention à notre discussion, Oumar Diouf, la quarantaine sirotant son café n’est pas de l’avis de monsieur Mbodji. Titulaire d’un Master en sociologie, lui qui préfère ne pas nous dévoiler sa profession voit d’un autre angle notre sujet du jour. “Il ne faut pas qu’on se leurre. Aucun gouvernement au monde ne peut travailler sans une majorité à l’Assemblée nationale. Aux Etats-unis, chantre de la démocratie, les présidents se battent pour une majorité au Sénat, afin de pouvoir dérouler leur programme. Nous l’avons vu avec Barack Obama, il avait du mal à faire passer certaines réformes au Sénat. De ce fait, je pense qu’une majorité est fondamentale pour gouverner”, argue le sociologue.
Autre lieu, autres avis, marché central de Kaolack, lieu où convergent beaucoup de personnes. Le climat est doux. Il ne fait ni chaud ni froid. Les klaxons des motos – taxis et des voitures se confondent avec la clameur des vendeurs et clients. Une vieille mamie, d’une soixantaine d’années devant son étal de légumes, marchande vigoureusement avec une jeune dame. ” Je ne peux vous céder le kilogramme de pommes de terre à ce prix. Si je le fais je risque demain de ne pas revenir. Car je ne pourrai plus m’approvisioner”, dit-elle à la dame. Cette dernière finit par payer au prix imposé par la mamie. À notre question du jour, la vieille Astou Kasse, c’est son nom, nous livre son point de vue. ” Ce que j’attends de ces nouveaux députés, c’est qu’ils nous aident à réduire les prix des denrées. Qu’ils soient de la majorité où de l’opposition. Moi, par exemple, je suis actrice passive et active de cette hausse des prix des denrées entant que marchande de légumes et mère de famille”, nous lance mère Kasse. Comme l’apelle les dames depuis notre présence devant son étal. Celle qui marchandait embouche la même trompette. ” Avez-vous la possibilité de voir et parler à ces gens?” , demande-t-elle à votre serviteur. ” S’il vous plaît si jamais cela, vous arrive de les rencontrer. Dîtes leur que nous souffrons énormément. Ce matin, je suis venue avec 5000 mille francs au marché mais je risque même de marcher en rentrant
Tout est devenu cher. Imaginez- vous le litre d’huile à 1600 francs CFA. Avant que je n’oublie, dîtes leur également qu’ils arrêtent de se quereller à l’Assemblée”, tels sont les souhaits de la jeune dame, Mbene Diongue.
Dans la populeuse gare routière de Nioro, dans la commune de Kaolack, règne un brouhaha. Bruits de moteurs, coxeurs et chauffeurs criant à tue-tête tout se confond. Sous une tente, un groupe de chauffeurs et autres discutent encore des différentes tendances issues des législatives de ce dimanche. Mor Ndiaye, chauffeur d’un car horaire soutient mordicus que BBY ne peut pas avoir une majorité, au vu des résultats. ” La cohabitation est inévitable. Et pour répondre à votre question. Je souhaite avoir une assemblée où les débats seront de haute facture et que la primauté soit donnée aux intérêts du peuple. Comme charité bien ordonnée commence par soi-même. Qu’ils votent des lois bien définies pour l’exploitation de notre pétrole et gaz. Afin que cela nous soit bénéfique, nous chauffeurs”, confie le sieur Ndiaye. Plus conciliant, ce jeune voyageur s’apprêtant à monter à bord d’un mini car nous livre son avis. “L’opposition comme le pouvoir seront à l’Assemblée pour représenter le peuple. L”un comme l’autre défend nos intérêts. Par conséquent, si jamais l’opposition est majoritaire. Elle ne doit pas bloquer des lois, uniquement pour s’opposer. Elle doit les voter si elles vont dans le sens de nos intérêts, et si tel n’est pas le cas. Elle peut farouchement s’y opposer”.
En attendant la proclamation des résultats définitifs du srutin de ce dimanche, ce sont là des avis et des souhaits émis par quelques citoyens de la capitale du Saloum.