L’instauration d’une nouvelle taxe sur les transactions mobiles est une mesure envisagée par le gouvernement sénégalais dans le cadre d’un plan de relance économique visant à augmenter les recettes fiscales et à réduire la dépendance du pays aux financements extérieurs. Cette taxe, si elle est mise en œuvre, aura des impacts à la fois positifs et négatifs sur le tissu économique national.

Forces : Augmentation des recettes et formalisation de l’économie

L’argument principal en faveur de cette taxe est la génération de nouvelles recettes pour l’État. L’économie numérique et le « mobile money » représentent des niches fiscales encore sous-exploitées. En taxant les transactions mobiles, le gouvernement pourrait mobiliser des fonds supplémentaires, essentiels pour financer des projets de développement et les dépenses publiques. C’est une stratégie pour diversifier les sources de revenus fiscaux, qui reposent souvent de manière disproportionnée sur les secteurs formels.

De plus, cette taxe pourrait contribuer à la formalisation progressive de l’économie. Le « mobile money » est largement utilisé dans le secteur informel. En l’imposant, l’État intègre indirectement une partie de ces activités dans le système fiscal, ce qui permet une meilleure traçabilité des flux financiers et potentiellement, une lutte plus efficace contre l’évasion fiscale.

Faiblesses : Frein à l’inclusion financière et impact sur le pouvoir d’achat

L’une des principales critiques est le risque de freiner l’inclusion financière. Le « mobile money » a joué un rôle crucial dans l’accès aux services financiers pour des millions de Sénégalais, en particulier dans les zones rurales où les banques traditionnelles sont peu présentes. Une taxe sur ces transactions, surtout si elle est élevée, pourrait décourager les utilisateurs, les poussant à retourner vers le système informel et les paiements en espèces. L’Ouganda, par exemple, a vu la valeur de ses transactions de « mobile money » chuter de 42 % après l’introduction d’une taxe de 1 %, avant de la réduire.

Cette mesure aurait également un impact direct sur le pouvoir d’achat des consommateurs, en particulier les plus vulnérables. La majorité des petites transactions concernent les ménages à faible revenu et les petits commerçants. Taxer ces opérations augmenterait le coût de la vie quotidienne et des échanges commerciaux, ce qui pourrait engendrer un mécontentement social et ralentir l’activité économique à la base. Les opérateurs mobiles ont également exprimé leurs inquiétudes, craignant une baisse de la consommation de données et de services, ce qui mettrait en péril leur modèle économique et leurs investissements futurs dans les infrastructures de télécommunications.

Par Babou Landing Diallo