« C’est uni qu’on sera fort, divisé, on sera toujours faible », a déclaré l’artiste ivoirien, appelant à davantage de cohésion et de stratégie dans la lutte pour l’autodétermination en Afrique de l’Ouest.

Selon lui, si les régimes issus des ruptures politiques récentes dans ces trois pays ont engagé une « révolution à la Sankara », en référence à l’ancien Président burkinabè Thomas Sankara, ils ont néanmoins sous-estimé l’importance de la diplomatie, qui, malgré son discours radical, était bien présente sous Sankara.

Une rupture saluée, mais des risques soulignés

Tiken Jah Fakoly dit soutenir pleinement le combat des États africains qui cherchent à se libérer des structures héritées de la colonisation.

« Il n’y a pas que du négatif dans ce qui s’est passé au Mali. Le fait d’arrêter les contrats coloniaux, de casser les chaînes, c’est positif », a-t-il affirmé, tout en rappelant que cette émancipation ne peut se faire efficacement que si elle est soutenue par les peuples.

L’auteur de Françafrique insiste sur la nécessité pour les nations africaines de récupérer « la copie originale » de leur souveraineté, celle de 1960 n’étant, selon lui, qu’« une photocopie ».

Pris en étau entre deux fronts

Tiken Jah Fakoly a également souligné la complexité de la situation des pays de l’AES, pris selon lui dans un double affrontement : face aux groupes armés djihadistes d’un côté, et aux pressions occidentales de l’autre.

« Être entre les deux comme cela, ce n’est pas évident », a-t-il déploré, appelant à une approche plus unie et stratégique à l’échelle continentale.

Malgré ses inquiétudes sur les divisions actuelles en Afrique, l’artiste garde foi en l’avenir : « Je suis très triste de voir l’Afrique en train de se diviser au lieu de s’unir. Cela me donne l’impression souvent que notre génération a échoué. Mais j’ai espoir. »