L’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly a lancé un appel vibrant aux Sénégalais pour qu’ils exigent de la France la déclassification des archives relatives au massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944. Dans une déclaration forte, le chanteur engagé a invité les citoyens à se mobiliser pacifiquement pour faire la lumière sur cet épisode tragique de l’histoire coloniale.
Ce massacre, perpétré par l’armée française contre des tirailleurs sénégalais dans un camp situé à la périphérie de Dakar, demeure entouré de zones d’ombre. Ces soldats africains, enrôlés dans l’armée coloniale française, avaient combattu pour la libération de la France pendant la Seconde Guerre mondiale. À leur retour, ils réclamaient légitimement le paiement de leurs soldes. La réponse de l’armée fut sanglante.
« Il faut que le peuple sénégalais organise des manifestations pour Thiaroye, pour que le gouvernement français puisse dire ce qui s’est passé, où les morts ont été enterrés », a plaidé Tiken Jah Fakoly. « Il faut qu’il y ait des manifestations pacifiques qui vont donner de la force à nos autorités pour réclamer cette déclassification. »
Une mobilisation pour la mémoire et la justice
Convaincu que la mobilisation populaire est un levier essentiel dans ce combat mémoriel, Tiken Jah Fakoly appelle à une pression citoyenne continue. Selon lui, seule une mobilisation visible pourra contraindre les autorités françaises à lever le voile sur les documents classés liés au drame de Thiaroye.
« Quand les Français verront que les Sénégalais se mobilisent pour que la vérité soit dite, vous allez voir la réaction de la France », a-t-il affirmé. Il se dit persuadé que cette cause trouvera également un écho favorable au sein même de la société civile française.
Un devoir de mémoire pour l’Afrique
Ce nouvel appel de l’artiste s’inscrit dans une dynamique plus large de réappropriation de l’histoire coloniale par les peuples africains. En défendant la mémoire des tirailleurs sénégalais, Tiken Jah Fakoly souhaite réveiller les consciences sur un pan longtemps occulté de l’histoire partagée entre la France et ses anciennes colonies.
« Réclamer que ce dossier soit déclassifié, qu’on nous dise où nos parents ont été enterrés, va recueillir du soutien même en France. Et c’est ce qui va pousser les autorités françaises à être claires », a-t-il insisté.
Le massacre de Thiaroye reste un symbole de l’injustice coloniale. Huit décennies plus tard, la vérité historique attend toujours d’être pleinement reconnue.
