« Il faut le dire, la CEDEAO n’est plus crédible. Je pense qu’il faut la réformer avec de nouveaux dirigeants, des jeunes qui arrivent avec une nouvelle vision », a déclaré l’icône du reggae engagé.

Une institution à bout de souffle selon l’artiste

Selon Tiken Jah Fakoly, l’organisation sous-régionale ouest-africaine, créée en 1975 pour promouvoir l’intégration économique et politique des États membres, est devenue incapable de jouer son rôle de médiateur impartial et de moteur d’unité régionale.

« Elle est incapable de trouver une solution, de juger équitablement les choses. Et c’est ce qui fait qu’elle a perdu toute crédibilité auprès des populations africaines », a-t-il dénoncé.

Pour redorer son image, l’artiste plaide non seulement pour une réforme structurelle, mais aussi pour un changement radical d’identité, allant jusqu’à suggérer une nouvelle appellation.

« Quand tu parles de la CEDEAO dans certains pays, les gens ne veulent même pas en entendre parler. Il faut même aller jusqu’à changer de nom », estime-t-il.

Un espoir placé dans une nouvelle génération de dirigeants

Tiken Jah Fakoly se dit toutefois confiant quant à l’émergence de nouveaux leaders capables de porter cette refondation. Il cite notamment le Président sénégalais Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko, qu’il perçoit comme des figures de rupture.

« J’ai espoir que des leaders comme Diomaye Faye et Sonko vont changer les choses, réformer et dire la vérité sur cette institution, s’ils ont les manettes », a-t-il déclaré.

Une division qui trahit les idéaux des pères fondateurs

Visiblement affecté, le musicien se dit « meurtri » par le destin actuel des institutions héritées des figures historiques de l’unité africaine, telles que l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue Union africaine (UA), et la CEDEAO.

« Notre mission, c’était de consolider cela, de faire grandir ces organisations, d’y ramener même les pays d’Afrique centrale. Mais aujourd’hui, nous sommes divisés. Nous n’avons jamais été aussi divisés », déplore-t-il.

Une CEDEAO fragilisée par l’émergence de l’AES

Tiken Jah Fakoly évoque également la récente création de l’Alliance des États du Sahel (AES), une confédération formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, à la suite de leurs tensions avec la CEDEAO.

« Maintenant, il y a deux camps. Et même au sein de l’AES, il y a une grande division. Le Mali, où je vis depuis 22 ans, n’a jamais été aussi divisé. Le Burkina est divisé, le Niger aussi. Et les autres pays ne sont pas épargnés par les divisions politiques. C’est triste », a-t-il conclu, avec amertume.

Par ces déclarations, Tiken Jah Fakoly réaffirme sa voix singulière et influente dans le débat politique et panafricain, appelant à une refondation des institutions héritées du passé pour mieux répondre aux aspirations des peuples africains d’aujourd’hui.