Nigeriens and third-country migrants head towards Libya from Agadez, Niger on Monday, June 4, 2018. Migrants from across sub-Saharan African _ Mali, the Gambia, Guinea, Ivory Coast, Niger and more _ are part of the mass migration toward Europe, some fleeing violence, others just hoping to make a living. (AP Photo/Jerome Delay)

Selon le gouverneur, la localité frontalière d’Assamaka, située dans le désert nigérien, a enregistré plus de 6.000 migrants refoulés au seul mois d’avril, un chiffre jugé sans précédent. Ce flux massif s’ajoute aux 7.222 personnes expulsées recensées au cours du premier trimestre 2025.

Pression croissante sur les centres d’accueil
Cette situation provoque une saturation des centres d’hébergement de l’OIM, déjà fragilisés par les précédentes vagues d’arrivées. « La pression exercée par l’Algérie crée une surpopulation dans ces centres », a déploré le général Issa, qui s’est récemment rendu à Assamaka pour évaluer la situation.

Le Niger souhaite donc accélérer les opérations de rapatriement volontaire, afin d’éviter « un désastre humanitaire ». Cette initiative vise principalement des ressortissants d’Afrique de l’Ouest et du Centre, souvent en transit vers l’Europe via l’Algérie.

Des conséquences sécuritaires et humanitaires
Fin janvier déjà, le ministre nigérien de l’Intérieur, le général Mohamed Toumba, avait alerté sur l’impact sécuritaire de cette crise migratoire. Il avait demandé à l’OIM et au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de prendre des dispositions pour le retour des migrants dans leurs pays d’origine.

Selon l’ONG Alarme Phone Sahara, plus de 31.000 migrants ont été expulsés d’Algérie vers le Niger en 2024, un chiffre qui illustre l’ampleur du phénomène. Ces expulsions concernent aussi bien des Nigériens en situation irrégulière que des ressortissants d’autres pays africains.

Un couloir migratoire sous tension
Depuis 2014, l’Algérie refoule régulièrement des migrants irréguliers vers le Niger, via Assamaka, devenue malgré elle un point névralgique du couloir migratoire sahélo-méditerranéen. Si Niamey a longtemps toléré ce flux, les autorités militaires au pouvoir depuis 2023 affichent désormais leur volonté de reprendre le contrôle de la situation migratoire, tant pour des raisons humanitaires que sécuritaires.

Le programme de rapatriement prévu d’ici juillet représente une mesure d’urgence, mais ne résout pas les causes structurelles de ces migrations : pauvreté, instabilité, et absence de voies légales d’accès à l’Europe. En attendant, Assamaka reste un lieu de survie précaire pour des milliers de migrants abandonnés aux portes du désert.

Avec AFP