Trop de théories et peu d’actions. Ça, c’est le Sénégal ! A chaque catastrophe avec ses lots de mesures qui ne font jamais long feu. Le chavirement du bateau le Joola en septembre 2002, la mort de 11 personnes par collision de deux véhicules en février 2018 et le drame survenu dans la nuit du samedi au dimanche sont pour nous rappeler notre légéreté à prendre au sérieux la vie des citoyens.

Le 26 septembre 2002, chaviraient aux larges des côtes gambiennes, le bateau le Joola. Ce ferry qui assurait la desserte maritime Dakar-Ziguinchor était trop prisé par les Sénégalais. Le naufrage du bateau le Joola avait fait près de 2000 victimes. La catastrophe maritime la plus meurtrière dans l’histoire. Avec cet accident c’est tout un peuple qui était dans l’émoi. Et les interrogations sur les causes de ce drame fusaient de partout. Des sanctions et des mesures drastiques étaient réclamées par tout le monde. C’était pour que cela ne se répète plus. L’une des causes principales de ce drame était la surcharge du navire. C’était connu de tout le monde, le bateau le Joola transportait plus qu’il ne pouvait contenir. Les autorités avaient pourtant laissé faire jusqu’à ce que l’irréparable s’en suive.

Drame du bâteau le Joola : leçon non sue

Le président d’alors Me Abdoulaye Wade déboussolé et pris au dépourvu avait brandi le bâton. Deux jours après le naufrage, soit le 28 septembre 2002, il fait une déclaration dans laquelle il soulignait les causes du drame. Selon ses termes : il s’agissait d’un « cumul de fautes graves ». Et avait sommé son ministre des transports de l’époque, Youssouf Sakho de produire immédiatement un rapport. Sans tarder, ce dernier s’exécuta et déposa  en même temps sa lettre de démission. Ainsi, il va s’en suivre une série de sanctions administratives. Car dès le 14 octobre de la même année, le chef d’Etat major de la Marine nationale, le colonel Ousseynou Kombo est relevé de ses fonctions. Toujours le pied sur la pédale, le président Wade démet le 4 novembre 2002, son Premier ministre Mame Madior Boye de ses fonctions. Cette dernière fut remplacée par Idrissa Seck.

Par ailleurs et entre autres mesures, la surcharge des transports en commun était formellement interdite. Et l’on se rappelle de certaines scènes de réprimandes. Des policiers qui sommaient des passagers à descendre d’un véhicule plein à craquer et qui, à l’occasion, écopaient d’une amande. Des mesures qui étaient salutaires mais qui n’ont pas fait long feu.

Les drames de Nioro en février 2018 et récemment celui de Kaffrine

Les faits sont têtus. Le drame survenu, dans la nuit du samedi au dimanche ravive encore les tensions. Il faut se rappeler de cet autre qui a eu lieu dans la région de Kaolack plus précisément dans le département de Nioro. Ce 21 février 2018, deux véhicules étaient entrés en collision.  Et cet accident avait fait 11 morts. L’un était en partance vers Porokhane alors que l’autre revenait de cette même cité religieuse.

Aux premières heures de cet accident les réactions étaient vives. Beaucoup avaient réclamé à l’Etat d’interdire le transport de nuit. Venu aux chevets des blessés admis à l’hôpital El hadji Ibrahima Niass de Kaolack, le ministre des transports de l’époque, Abdoulaye Daouda Diallo a été ferme sur la question. « Nous avons décidé dans les semaines à venir, d’interdire toutes les circulations interurbaines entre 22 heures et 6 heures. C’est une mesure qu’on va nécessairement prendre pour réduire les accidents », avait-il déclaré. Dans une démarche plus rigoureuse, il avait également annoncé la mise en place du permis à points.

Son successeur de l’époque à la tête de ce ministère, Mansour Faye (après que ADD ait été nommé ministre des finances) avait, lui aussi, la même ambition : réguler le secteur du transport. Qui selon Mansour Faye était plombé par “l’indiscipline et la vétusté du parc”.  Depuis, aucun acte allant dans ce sens n’a été posé, les voyages de nuits continuant de plus belle. L’Etat craignant la tranchante épée des syndicats de transporteurs a préféré faire un rétropédalage. De ce fait, c’est un peuple qui croupit sous le diktat des transporteurs.

Aujourd’hui c’est la même rengaine que l’on a entendue à Kaffrine.  Le président Sall, après avoir décrété 3 jours de deuil national, s’est rendu à Kaffrine aux chevets des blessés. Avec la même fermeté, il a condamné et a convoqué son gouvernement et les acteurs du transport à un conseil interministériel, ce lundi 9 janvier au Palais.