Un protocole financier controversé entre Postefinances et la société Saar Vie SA agite les milieux judiciaires et financiers sénégalais. Le parquet financier enquête sur ce que le quotidien Libération qualifie de « cadeau financier suspicieux » : un abandon de créance de près de 1,4 milliard FCFA contre un versement partiel de 450 millions.
Tout est parti d’une plainte déposée par les nouveaux dirigeants de Postefinances, stupéfaits de découvrir un accord jugé irrégulier signé par leurs prédécesseurs. L’affaire remonte à mai 2021, lorsque la Cour commune de justice et d’arbitrage (CCJA) avait définitivement condamné la société Saar Vie SA (ex-Illico Saa), ainsi que Sagef, à verser à Postefinances la somme de 1.396.389.797 FCFA. La cour avait également validé une hypothèque sur 11 immeubles appartenant à Saar Vie.
Pourtant, malgré cette décision de justice favorable, un protocole d’accord parallèle a été signé entre les anciens dirigeants de Postefinances et Saar Vie, permettant à cette dernière de solder sa dette avec un paiement unique de 450 millions FCFA, soit moins du tiers du montant dû. Ce protocole, conclu sans l’aval du conseil d’administration, a suscité de vives réactions en interne.
Trois anciens dirigeants dans le collimateur
Selon Libération, les anciens responsables Mouhamadou Diaité (ex-DG de La Poste), Abdoul Aziz Diallo (ex-DG de Postefinances), et Amadou Diagne (président du conseil d’administration de Saar Vie) sont désormais au cœur d’une enquête confiée à la Division des investigations criminelles (DIC). Tous trois ont été discrètement entendus par les enquêteurs.
Abdoul Aziz Diallo aurait signé le protocole contesté, affirmant avoir agi sur instruction de Mouhamadou Diaité, avec l’accord d’Amadou Diagne. Une version des faits qui n’a pas manqué de faire tiquer les nouveaux gestionnaires de Postefinances, surtout dans un contexte de difficultés financières marquées, où même le paiement des salaires posait problème.
Le dossier, désormais entre les mains du parquet financier, soulève des questions de fond sur la légalité de l’accord, le respect des procédures internes, mais aussi l’éthique de cette transaction qui a privé Postefinances de ressources pourtant vitales. Selon Libération, l’enquête est désormais bouclée. Il revient au parquet de décider s’il y a lieu d’engager des poursuites pour détournement de fonds, abus de biens sociaux ou complicité.
