Par Ibou Fall
« Kopar Express » à la place du FMI ?
Apparemment, le FMI, qui attend toujours patiemment les vrais chiffres des finances publiques, se presse lentement pour renouer avec le Sénégal des relations de confiance et le Premier ministre Ousmane Sonko, qui n’est pas connu pour sa patience, commence à trouver le temps long.
Après la Chine, la Turquie, le revoilà en randonnée au moyen de l’avion présidentiel où il commence à avoir ses habitudes, à la tête d’une forte délégation, dans les Émirats arabes unis. Apparemment, il estime y avoir décroché le jackpot, pour avoir rajouté via Waly Diouf Bodian, quelques virgules et points de suspension aux accords de l’État du Sénégal et Dubaï Port World à propos de Ndayane.
Faudrait-il en conclure que, depuis tout ce temps, le président Erdogan reste toujours insensible à la demande pressante d’accompagner financièrement le régime du président Bassirou Diomaye Sonko, pardon, « Diomaye môy Sonko », ce qui est kif-kif bourricot ?
Sorti de là, direction Milan, en Italie, où l’attendent, venus des quatre coins de la planète PASTEF, ses infatigables groupies qui s’entassent dans un stade plein comme un œuf pour ingurgiter la bonne parole souverainiste comme du petit lait de brebis. Bien sûr, la brosse à reluire est là pour nos nombreux compatriotes qui symbolisent cette brave diaspora à travers le monde ; ceux-là mêmes qui transfèrent près de deux mille milliards de francs CFA tous les ans pour éviter des famines sévères ou des morts dans des déserts médicaux quand ce n’est pas tout juste le plat analphabétisme dans les recoins les plus reculés du bled.
Tout ça pour les convaincre de casser la tire-lire ou détricoter le bas de laine, en un mot comme en cent, abouler le fric parce que le Sénégal en a drôlement besoin. C’est bien, n’est-ce pas, les transferts d’argent mensuels pour entretenir la smala restée au pays, mais ça ne suffit plus. Vous savez bien, avec les chiffres truqués par le régime de Macky Sall que le translucide Ousmane Sonko révèle aux experts du FMI, lesquels apprennent par la même occasion qu’il se font ainsi couillonner depuis au moins une décennie, la planche à billets bugge.
Leur orgueil mal placé sans doute…
C’est vrai, dans la sous-région, ça lève glorieusement des centaines de milliards mais ça ne suffit toujours pas.
Et donc, comme au bon vieux temps de l’irrésistible ascension de PASTEF, l’appel aux cotisations s’impose. Vous savez bien, le système « Kopar Express » qui vaut, entre autres, à Guy Marius, pardon, Mohamed Sagna, un SUV pour services rendus au prolétariat dont il fut un membre éminent. Là, on n’est plus très sûr. Comme le dit l’un de ses collègues de l’Hémicycle, ils ont actuellement des mines bien plus réjouies que lors de leur première rentrée parlementaire.
Les effets agissants des bolides à cinquante millions ne doivent pas y être totalement étrangers.
Rappels utiles : ces émigrés, déjà, payent des taxes sur les transferts d’argent réguliers pour que leurs familles puissent manger à leur faim ; les provisions, bien entendu, sont taxées, n’est-ce pas… Ne parlons pas des extras, comprenez les réfections de maisons familiales, les pèlerinages des géniteurs, les mobiliers renouvelés, les véhicules d’occasion pour élever le standing familial et les épousailles à distance : ils sont tout aussi méchamment taxés. Après ça, ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Moi, dans tout ça, ce qui me chiffonne, c’est surtout le lien qu’il y a à punir sévèrement l’émigration clandestine que les lanceurs d’alerte doivent dénoncer quand ils aperçoivent une embarcation suspecte et l’appel aux fonds de ces gens dont beaucoup sont arrivés quasiment à la nage en Europe.
Bon, retour aux sources, là où les gens vivent le tiaya retroussé, les eaux saumâtres jusqu’à la ceinture, le matelas sur la tête depuis plus d’un mois. Après mûres réflexions, le gouvernement passe à l’attaque via un communiqué officiel qui nous apprend l’audacieuse, que dis-je, la radicale initiative pour les sinistrés de Touba : quatre cent soixante et un millions de vrais francs CFA seront distribués à deux mille quatre cent quarante-sept familles : ça fera pour chaque famille, la colossale somme d’environ cent quatre-vingt-neuf mille francs qu’elles ne sauront pas où ni comment les dépenser puisque tous les commerces sont sous les eaux.
Ça fait certes un peu moins que les indemnités auxquelles les victimes des exactions du régime de Macky Sall, dont les fameuses « Forces spéciales », ont droit mais c’est le geste qui compte.
Ma tête à couper que ces sinistrés auraient préféré que l’on organise un camping au sec avec des services sociaux pour les soins de santé et la tambouille, en attendant que les motopompes vident la ville de ses eaux indésirables.
Mais ça, il faudrait y penser ?
Tout ceci intervient alors que l’OMVS, pour préserver ses ouvrages qu’elle ne finit pas de payer, annonce un lâcher des eaux du barrage de Manantali avant qu’il ne s’écroule sous nos yeux impuissants. Les habitants de Matam et Podor, peut-être même Saint-Louis, vont devoir patauger quelques jours dans leurs salons.
Ça commence à devenir d’une banalité…
Question impie : le président de la République se sentirait-il actuellement seul au monde ? Son « meilleur Premier ministre de tous les temps » lui prend ses ministères de souveraineté en plus de son avion…
