L’élection du président sierra-léonais Julius Maada Bio à la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en remplacement du Nigérian Bola Tinubu, a suscité une onde de choc à Dakar. Alors que le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye était pressenti pour occuper cette fonction, dans le respect d’une rotation tacite entre pays anglophones, francophones et lusophones, la désignation d’un second chef d’État anglophone consécutif déjoue les pronostics et interroge sur la place réelle du Sénégal dans le concert diplomatique ouest-africain.
Une entorse aux usages implicites
Historiquement, la CEDEAO, bien que non contrainte par des règles formelles sur la rotation linguistique, s’est attachée à maintenir un équilibre régional tacite. En succédant à Bola Tinubu, Maada Bio brise cette tradition non écrite, au grand dam de ceux qui voyaient dans la candidature de Diomaye Faye un consensus régional en gestation. Ce revirement soulève des questions : s’agit-il d’un simple choix conjoncturel ou d’un désaveu plus profond du positionnement diplomatique sénégalais actuel ?
Le commentaire cinglant de Thierno Alassane Sall, député sénégalais de l’opposition, illustre bien le malaise. Sur le réseau X, il qualifie cet épisode de « pire camouflet diplomatique de l’histoire » du Sénégal.