Une coopération à double enjeu : Jeux olympiques de la Jeunesse et formation

La visite d’Ousmane Sonko au siège d’Alibaba a donné lieu à une présentation détaillée des avancées technologiques du groupe, mais surtout à une exploration des pistes de collaboration concrète, notamment dans la perspective des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) Dakar 2026. Cette échéance, d’importance capitale pour l’image du pays à l’international, constitue un levier privilégié pour attirer des investissements structurants dans les infrastructures, les services numériques et la logistique.

Le Premier ministre a souligné le rôle que pourrait jouer Alibaba non seulement dans l’organisation et la gestion technologique des JOJ, mais également dans le développement de programmes de formation destinés aux étudiants sénégalais. L’objectif déclaré : faire de la jeunesse un acteur central de la transformation numérique du pays.

Vers un hub technologique ouest-africain ?

En qualifiant cette visite d’« instructive », Ousmane Sonko exprime plus qu’une satisfaction protocolaire : il projette une ambition claire, celle de faire du Sénégal un carrefour technologique de l’Afrique de l’Ouest. Ce positionnement suppose une synergie entre investissements étrangers, capital humain formé, et volonté politique affirmée.

La Chine, forte de son expérience dans la construction d’écosystèmes numériques intégrés, apparaît comme un partenaire de choix. Le modèle d’innovation mis en œuvre par Alibaba, à la croisée de l’e-commerce, de l’intelligence artificielle et des infrastructures logistiques, peut inspirer des réformes structurelles au Sénégal, à condition qu’elles soient adaptées au contexte local et accompagnées de garanties de souveraineté numérique.

Une diplomatie économique proactive

Cette visite témoigne d’une orientation assumée de la diplomatie sénégalaise vers une logique de partenariat pragmatique, orientée résultats. En misant sur la Chine, Ousmane Sonko privilégie une stratégie qui articule coopération technologique et diplomatie d’influence, tout en contournant les circuits traditionnels dominés par les anciens partenaires occidentaux.

Toutefois, cette ouverture devra être équilibrée par une vigilance accrue sur les conditions des partenariats : transparence des contrats, transfert de compétences, respect des standards environnementaux et sociaux. L’enjeu est de taille : éviter les pièges d’une dépendance technologique tout en tirant parti de l’expertise chinoise pour faire émerger un écosystème numérique localement ancré.

La visite du Premier ministre sénégalais au siège d’Alibaba symbolise une volonté de conjuguer diplomatie économique et ambition technologique. Elle ouvre des perspectives prometteuses, notamment dans la perspective des JOJ de 2026, tout en posant les jalons d’une transformation plus structurelle de l’économie sénégalaise. Reste à savoir si cette dynamique sera durable, inclusive, et suffisamment bien gouvernée pour qu’elle profite réellement au tissu productif local et à la jeunesse sénégalaise.