Nous saluons et approuvons la mission des Forces de Défense et de Sécurité, engagées dans les îles pour éradiquer la culture du chanvre indien. Cette action, menée dans le respect des lois et pour la sécurité nationale, est nécessaire pour lutter contre les trafics illicites et préserver la stabilité sociale.
Cependant, cette lutte ne peut être efficace et juste que si elle est accompagnée de solutions concrètes pour les populations insulaires, qui vivent dans une précarité extrême. Car le constat sur le terrain est parfois douloureux et alarmant : on détruit des champs, on sanctionne, mais on propose difficilement des alternatives viables à ceux qui n’ont ni terres fertiles, ni emplois, ni opportunités économiques.
Il est urgent que l’État du Sénégal adopte une approche intégrée : lutter contre l’illégal, oui mais aussi soutenir les légitimes besoins de survie des populations. Se pose une question essentielle, que trop peu de gens prennent le temps d’envisager : comment ces insulaires parviennent-ils à joindre les deux bouts ? Comment paient-ils la scolarité de leurs enfants ? Comment nourrissent-ils leurs familles ?
La réponse ne peut pas reposer sur la seule répression. Elle doit inclure des politiques de développement local, des investissements dans la pêche, l’agriculture durable, l’artisanat, le transport fluvial, et des projets générateurs de revenus adaptés à leur réalité insulaire.
Nous appelons donc le Gouvernement à compléter l’action sécuritaire par une action sociale et économique forte, juste et durable. Pour que la lutte contre les trafics ne devienne pas, à son tour, une source de misère ou d’injustice.
Les populations des îles méritent d’être protégées, mais aussi soutenues et accompagnées. C’est avec intérêt que nous avons écouté le ministre de l’intérieur parlant de la quantité de drogue saisie mais esquissant également une lueur de solutions. Il faut que les autorités descendent sur le terrain c’est-à-dire dans les îles. Ainsi elles écouterons les propositions après avoir constaté les conditions dans lesquelles vivent ces gens qui sont aussi des Sénégalais qui méritent d’être soutenus avec des projets adaptés à leur milieu. Une nation ne peut pas se construire en oubliant ses marges.