Après 584 jours, faible, mais sur ses jambes et en tenue civile, le soldat américano-israélien Edan Alexander a été libéré lundi 12 mai par le Hamas, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul. Une libération beaucoup plus discrète que lors des précédents accords sans le cérémonial habituel du Hamas. 

« Les Brigades al-Qassam viennent de libérer le soldat sioniste et citoyen américain Edan Alexander, à la suite de contacts avec l’administration américaine, dans le cadre des efforts déployés par les médiateurs pour parvenir à un cessez-le-feu », a déclaré en milieu d’après-midi le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué. Comme dans le passé, l’ex-otage a été remis à la Croix-Rouge et ensuite convoyé vers une unité de l’armée israélienne.

L’armée israélienne a indiqué plus tôt qu’il serait transféré vers un centre d’accueil à Réim, dans le sud d’Israël, où sa famille le rejoindra. Il va également rencontrer les émissaires américains Steve Witkoff et Adam Boehler avant d’être emmené par avion à l’hôpital Ichilov, à Tel-Aviv. « Je suis impatiente et heureuse. (…) nous attendons de pouvoir serrer Edan dans nos bras et sentir qu’il est vraiment avec nous », a déclaré sa grand-mère Varda Ben Baruch dans son appartement de Tel-Aviv.

Plus tard dans la semaine, si son état le permet, il se rendra au Qatar pour rencontrer le président Donald Trump.

Le Hamas appelle l’administration Trump à «poursuivre ses efforts pour mettre fin à la guerre»

Le Hamas a appelé l’administration Trump « à poursuivre ses efforts pour mettre fin à la guerre brutale menée par le criminel de guerre Netanyahou contre les enfants, les femmes et les civils non armés à Gaza », a indiqué le mouvement islamiste palestinien dans un communiqué, après que deux responsables du mouvement ont évoqué des « discussions directes » avec Washington.

Cette libération intervient au moment même où le président Donald Trump s’envolait pour une tournée régionale en Arabie saoudite, au Qatar et aux Émirats arabes unis où Gaza sera indéniablement au cœur des discussions. Le président américain a décollé à bord d’Air Force One à destination de Riyad, depuis la base militaire Andrews dans la banlieue de Washington.

Le Hamas avait annoncé son intention de libérer l’otage israélo-américain après avoir fait état de négociations directes avec les États-Unis à Doha. « Edan Alexander sera libéré dans le cadre des efforts déployés en vue d’un cessez-le-feu, de l’ouverture des points de passage et de l’entrée de l’aide et des secours à notre peuple à Gaza », indiquait alors le mouvement palestinien dans un communiqué.

Benyamin Netanyahu s’est entretenu avec le président américain. Il l’a remercié et s’est engagé à envoyer dès demain une équipe de négociateur à Doha pour tenter de relancer des pourparlers pour la libération des autres otages. C’est bien sûr ce que souhaite le forum des familles d’otages

Une libération stratégique pour le Hamas

Avec cette libération, le Hamas se place d’abord comme un interlocuteur sérieux et privilégié des États-Unis. Le groupe islamiste se dit « prêt à entamer immédiatement des négociations intensives et à déployer des efforts pour parvenir à un accord final sur l’arrêt de la guerre ». Et ce alors que les pourparlers en vue d’un cessez-le-feu sont au point mort avec Israël depuis des semaines.

Le Hamas met dans le même temps Benyamin Netanyahou et Israël de côté, car ces discussions ont eu lieu en coulisses entre les Américains et le groupe islamiste directement. C’est un fait rare. La dernière fois qu’il y a eu des discussions directes entre ces deux parties, les Israéliens étaient furieux de ne pas avoir été impliqués. Les Américains avaient alors rétorqué qu’ils n’avaient pas besoin de la permission d’Israël pour négocier le sort des otages américains détenus dans la bande de Gaza..

L’opposition israélienne, particulièrement celle qui accuse le Premier ministre israélien de continuer la guerre afin d’assurer sa survie politique à la tête du pays, s’est immédiatement emparé du sujet et le Hamas le sait.