Les dirigeants du monde réunis à Sharm El Sheikh en Egypte ont planché durant une semaine sur l’avenir de la planète, menacé par le réchauffement climatique, accentué par les émissions des gaz à effet de serre. Paradoxalement, à l’occasion, l’Afrique, le continent le moins pollueur au monde, est priée d’arrêter ses émissions en carbone. Celles-ci doivent être le privilège des riches pays industriels : c’est l’un des non-dits » des pays riches au sommet d’Egypte.

 Faut-il en rire ou en pleurer ?

 Cette « sommation »,  si l’on peut l’appeler ainsi, constitue une menace pour l’industrialisation du continent. Car, aucun pays ne peut se développer sans un tissu industriel fort et soutenu. Ainsi cette « sommation » veut dire, dans un langage prosaïque : renoncer à votre développement pour le bien du monde. C’est le message audacieux et osé des riches dirigeants du monde. Ce qui peut tirer la planète d’affaires ne se trouve qu’en Afrique tant, en matière de richesse minière comme forestière. Et, la planète ne saurait respirer que par les « poumons verts se trouvant sur le continent noir ».

D’ailleurs, le bassin du Congo, d’après des experts de la Banque mondiale qui le surnomment «  les poumons de l’Afrique et le cœur battant du monde », reste la seule et unique alternative pour sauver l’humanité d’une catastrophe certaine. D’après toujours ces mêmes experts « la préservation des forêts du bassin du Congo est vitale non seulement pour l’avenir de l’Afrique, mais aussi pour celui du monde entier ». Dès lors, toute activité tendant à menacer l’équilibre de son écosystème risque d’être à l’avenir punie par des juridictions internationales. Ce que l’on ne dit pas pour le moment, clairement. Mais il ne faudra pas s’étonner que cela arrive un jour : des Africains traduits devant une juridiction internationale, pour « crime contre leurs forêts tropicales » !

Pourtant ce sont les multinationales des pays occidentaux, spécialisées dans l’extraction des matières premières, qui squattent le Bassin du Congo et autres lieux riches en ressources minières et gazières sur le continent.

La Chine et les Etats polluent en toute impunité

Ainsi, en 2020, la Chine se pointe à la tête des plus grands pollueurs du monde. Les émissions de la Chine en CO2 représentent 9899 millions de tonnes, soient 30% des émissions mondiales. Les Etats-Unis arrivent à la deuxième place avec 4457 millions de  tonnes de CO2 émis, soient 13,8% du total mondial. Alors les plus grands pollueurs font de toute loi ou morale et continuent de polluer la planète.

La préservation du Bassin du Congo pour la dissipation du carbone émis par leurs usines,  à des milliers de kilomètres de l’Afrique, reste en ce moment le seul espoir pour la planète. Par conséquent, c’est comme qui dirait « nous, on va vous aider à préserver votre bassin pendant que nos usines polluent, en vous reversant des pécules ».

La question du financement

En Egypte, il s’est posé un problème de pactole sur la subvention de l’Afrique pour  le climat. Bien des chefs d’Etat africains n’ont pas hésité à le rappeler aux riches pays. «  Vous n’avez pas tenu promesse », semblaient dire les présidents africains présents à ce grand rendez-vous climatique. Bien entendu, la question du financement était l’un des thèmes majeurs de la Cop 27. Car la promesse d’un financement de 100 milliards de Dollars par an n’a pas été tenue. Une inquiétude tout à fait justifiée. En 2009, lors de la COP 15 à Copenhague, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser conjointement 100 milliards de Dollars par an d’ici 2020, pour accompagner les pays en développement en matière de climat. « Plus de dix ans plus tard, cet objectif n’a toujours pas été atteint (…), certains calculs semblent indiquer que la promesse pourrait être tenue vers 2023 ou 2024 », a rappelé Chukwumerije Okoreke, professeur de gouvernance mondiale du climat et de l’environnement, dans une interview avec l’institut Montaigne.

Faut-il donc, pour le bien du monde que l’Afrique renonce à son développement, pendant que les riches pays tournent à fond leurs industries et emploient de la main d’œuvre qui par ricochet réduit leur taux de chômage ?

L’outrageuse contradiction

 Au même moment où les grands pollueurs s’emploient à tirer la ficelle et leur épingle du jeu, des bateaux de migrants africains errent depuis une semaine dans les eaux méditerranéennes, fautes d’autorisation d’accoster. Même la France et l’Italie ne voulaient d’eux  sur leur sol. Mais, finalement, l’Hexagone s’est résignée à les accueillir, certainement avec des conditions intenables. Les jeunes africains, la majorité faute de travailler, risquent leur vie pour regagner l’Europe depuis des décennies !

 Le mal pourrait empirer, car : « (…) La région est de plus en plus menacée par la déforestation, la dégradation de l’environnement, l’augmentation de la population et l’impact du changement climatique. Environ 575 000 Congolais vivent dans des zones forestières et dépendent de cet écosystème fragile pour leur subsistance, ce qui met à rude épreuve la protection de la biodiversité », ont conclu les experts de la Banque mondiale en climat.

En clair ce que ne disent pas les pays riches, en haute et intelligible voix, c’est que l’Afrique renonce à son industrialisation. Eux vont s’occuper de nos parcs et autres forêts tropicales, non pas pour le bien du continent mais pour le leur. Autant dire, aussi régulière soit sa présence aux multiples rendez-vous des débats sur le climat, l’Afrique est et sera reléguée au rôle de spectateur. Ce qui expliquerait, peut être, la bouderie du ministre Congolais (Brazzaville) de l’environnement, Arlette Soudan Nonault. Elle a préféré prendre congé de ses « amis » de la Cop 27. Ce qui doit faire tâche d’huile … de palme ?