Selon les révélations du journal Libération, un vaste système de fraude impliquant des agents du Trésor public, des transitaires et des acteurs du milieu portuaire aurait permis le détournement de près de 7,8 milliards de francs CFA. Au cœur de ce scandale figurent des chèques officiels du Trésor, falsifiés et utilisés pour des opérations de blanchiment à grande échelle.
Tout a commencé en octobre 2024, avec l’arrestation de trois individus pour émission frauduleuse d’un chèque d’un montant de 400 millions de francs CFA. Un premier signal d’alarme qui a poussé le parquet financier à saisir la Division des investigations criminelles (DIC) pour aller plus loin. Les conclusions de l’enquête dévoilent un système complexe et méthodique, qui s’apparente à un véritable braquage d’État à huis clos.
Au centre de la fraude, l’on note la disparition de trois carnets de chèques officiels, contenant chacun 50 formules. Ces documents, hautement sécurisés étaient initialement destinés à des entités sensibles. Qui sont le Centre comptable des armées, la Cellule antiterroriste et le programme Entretien des détenus de Dakar. Leur vol, selon les enquêteurs, aurait permis à un réseau bien structuré de falsifier des paiements et de contourner les circuits de contrôle.
Les noms cités dans l’enquête sont déjà bien connus : Mansour Kane, agent du Trésor ; Mallé Seck, transitaire et Ramatoulaye Fall, femme d’affaires influente dans les milieux portuaires. Tous trois auraient joué des rôles déterminants dans la mise en circulation des chèques frauduleux.
Des opérations maquillées en transactions légales
Le procédé était d’une efficacité redoutable. Des entreprises de transit, identifiées par les enquêteurs, ont utilisé les chèques volés pour régler des droits de douane. Les documents, émis sur des carnets authentiques, passaient sans éveiller de soupçons immédiats, donnant à ces transactions un vernis de légalité.
Mais derrière ces paiements, c’est un circuit de blanchiment qui se dessinait. Le préjudice total est aujourd’hui évalué à 7,863 milliards de francs CFA, selon les sources du parquet.
Des têtes vont-elles tomber ?
L’affaire, toujours en cours d’instruction, pourrait connaître de nouveaux rebondissements. Cinq entreprises de transit ont vu leurs dirigeants entendus par la DIC, et de nouvelles inculpations sont attendues. Les enquêteurs s’intéressent également à d’éventuelles complicités internes au sein du Trésor, où des audits ont été lancés pour identifier d’autres failles ou soutiens logistiques à ce réseau.
