Le Président Sall était très prolixe cette année durant la prière de l’Aïd-El Fitr ou Korité. Et c’est tant mieux s’il décide, de temps à autre, d’aborder publiquement certaines questions importantes liées à l’actualité nationale.

Mais, le sentiment qui se dégage après l’avoir entendu aborder certains sujets, c’est qu’il est en train d’anticiper la campagne électorale en perspectives des législatives.

Parler de la révocation de certains Maires qui prendraient certaines décisions est une forme de provocation qui allait susciter, à bien des égards, des polémiques. Et c’est le cas. Car l’opposition radicale incarnée par Yewi Askan wi a tout de suite réagi et le Maire de Dakar qui s’est senti visé a organisé hier une conférence de presse pour davantage jeter de l’huile sur le feu. Une polémique dont on pouvait se passer mais qui malheureusement, a été lancée par le Président de la République lui-même.

Or, nous savons qu’en dehors du cas de crime où la révocation du Maire est de droit, cette procédure en question est rarissime et se fonde sur des « faits suffisamment graves qu’il est impossible de laisser le Maire continuer son mandat » si l’on se réfère à une jurisprudence du Conseil d’Etat français notamment dans l’arrêt Camino.

C’est dire que si la révocation de Khalifa Sall a été relativement facile du fait de sa condamnation dans la gestion de la Caisse d’avance, celle du Maire Barthélémy Diaz serait, à l’état actuel des faits qu’on lui reproche, un abus de pouvoir manifeste.

Soutenir que deux recrutements ont été faits illégalement pour révoquer un Maire serait un précédent dangereux. Même s’il s’agit du Capitaine Touré et de Guy Marius Sagna, ce sont deux sénégalais qui jouissent de tous leurs droits civils et civiques.

En conséquence, il sera difficilement admissible qu’une faute grave puisse être reprochée à la Mairie de Dakar au point de valoir au Maire une révocation.

Il s’agit ni plus ni moins que d’une anticipation de la campagne électorale et la démonstration de la preuve que la défaite de Dakar a été mal digérée par Macky et son régime.

En tout état de cause, il faut bien qu’il se convainque de la nécessité de laisser les Maires de l’opposition travailler au lieu de tenter vaille que vaille à les faire transhumer ou à les révoquer.

L’autre sortie sur les réseaux sociaux n’en pose pas moins des interrogations.

C’est vrai qu’il est inquiétant qu’on observe tant de déviations et de manquements sur les réseaux sociaux. Mais, ce n’est pas la première fois que les autorités parlent de réglementation sans pour autant en définir les modalités et nous donne une date.

Car, la réalité est plus complexe.

Il est en effet difficile de réglementer internet sans porter une atteinte grave à la liberté d’expression et la liberté tout court.

Pis, il faudra retoucher alors la constitution, notre régime politique, de démocratie, ce qui en soi, n’est pas possible.

C’est pourquoi, il faudra déployer d’autres moyens plus techniques que juridiques pour traquer les auteurs de textes attentatoires à la dignité des autres.

Il faudra davantage développer les moyens de lutte contre la cybercriminalité et autres déviations.

Mais actionner l’Assemblée serait maladroit d’autant plus que Macky sait que son principal opposant actuel, Ousmane Sonko s’appuie largement sur les réseaux sociaux pour assoir et maintenir sa popularité.

Et on peut penser qu’en toile de fond, cette sortie est également largement politique.

Assane Samb