Dans une note adressée au FRAPP, le préfet de Dakar, M. Chérif Mouhamadou Blondin Ndiaye, a rejeté la demande de manifestation prévue entre le 21 et le 30 juin à la Place de l’Indépendance, invoquant les dispositions de l’arrêté toujours en vigueur. Ce refus soulève l’indignation du mouvement panafricaniste, qui souhaitait marquer le 14e anniversaire du 23 juin 2011 par une série de rassemblements pacifiques.

Une décision jugée arbitraire

Dans un communiqué publié ce dimanche 22 juin, le Secrétariat exécutif national (SEN) du FRAPP fustige cette interdiction, qu’il qualifie de “profondément injustifiée”, rappelant que le 23 juin est “un jour de résistance historique contre la dérive autoritaire et la tentative de confisquer la souveraineté populaire”. Pour l’organisation, cette date symbolise un tournant démocratique majeur, ayant pavé la voie aux alternances de 2012 et 2024.

Le FRAPP regrette que 14 ans après ce sursaut citoyen, l’arrêté Ousmane Ngom continue de “bâillonner la voix du peuple dans des lieux emblématiques de la vie publique”. L’interdiction couvre une vaste portion du centre-ville, allant de l’avenue El Hadji Malik Sy au Cap Manuel, en passant par les abords du Monument de la Renaissance, des juridictions, hôpitaux et édifices publics.

Une atteinte aux libertés fondamentales

Selon le FRAPP, cet arrêté constitue une “violation manifeste des libertés d’expression, de réunion et de manifestation”, garanties tant par la Constitution sénégalaise que par les traités internationaux ratifiés par le pays. Le mouvement dénonce une “ségrégation spatiale intolérable”, qui transforme le droit de manifester en un privilège soumis à des calculs politiques.

Plus encore, le FRAPP rappelle que la Cour de Justice de la CEDEAO a condamné l’arrêté, jugeant son caractère arbitraire et exigeant son abrogation immédiate. Le maintien en vigueur de ce texte, en dépit de cette décision juridictionnelle, est perçu comme “un déni de justice, une insulte à la mémoire collective et une entorse aux engagements internationaux du Sénégal”.

Un appel à des actes concrets

Pour le FRAPP, la célébration du 23 juin ne saurait avoir de sens si elle s’accompagne du maintien d’un outil de répression hérité d’un régime contesté. “Aucun changement politique ne saurait être sincère si les instruments du passé autoritaire continuent d’opprimer le présent”, martèle le communiqué.

Le mouvement exige donc l’abrogation immédiate de l’arrêté Ousmane Ngom, soit par décision ministérielle, soit par décret présidentiel. “Il est incohérent, voire cynique, de prétendre célébrer le 23 juin tout en maintenant en vigueur les chaînes contre lesquelles le peuple s’est insurgé”, insiste-t-il.

En conclusion, le FRAPP affirme que rendre justice aux martyrs du 23 juin, c’est honorer leur engagement par des actes concrets, non par de simples discours symboliques.