Combien de fois les directions africaines ont-elles été sollicitées par des experts venus de nulle part — souvent en provenance de pays occidentaux — venus proposer des solutions soi-disant miracles ?
Ils parlent d’amélioration des systèmes d’information, de politique d’engagement, de gestion des risques, ou encore de renforcement du contrôle interne.
Leurs solutions sont souvent toutes faites, standardisées, sans aucune adaptation au contexte local.
Et pourtant, ces propositions séduisent parfois le top management, en quête de promesses rapides, ou tout simplement mal conseillé.
Pire, certains cabinets savent flatter les égos ou jouer sur la naïveté, tout cela dans l’unique but de décrocher des marchés lucratifs.
J’en parle avec expérience : lorsque j’étais directeur des engagements dans une institution regroupant 14 pays africains, un cabinet basé dans le sud de la France s’était présenté avec une solution toute faite en matière de gestion des risques.
J’avais catégoriquement refusé leur approche et manifester mes réserves . Rien de ce qu’ils proposaient n’était novateur ni adapté. Ils enchaînaient pourtant les réunions, espérant convaincre.
Voyant que leur projet n’aboutirait pas, ils avaient manœuvré en interne pour que je sois écarté du dossier. Résultat : j’ai été affecté à une autre direction.
Mais la vérité finit toujours par émerger. L’affaire avait capoté. . Le pot aux roses avait été découvert.
Bien plus tard, les manœuvres du cabinet avaient été mises au jour, et ce dernier avait saisi la justice pour réclamer des dommages et intérêts que l’organisation avait malheureusement été contrainte de verser.”
Et je n’oublierai jamais ce jour où, bien plus tard, le principal responsable de la la boite me dit simplement : “Vous étiez inspiré.” Une phrase brève, mais lourde de sens. Elle m’a confirmé que résister, dire non quand il le faut, défendre une ligne droite… finit toujours par payer.
Ce que je veux dire ici, c’est que le rôle des cadres africains est déterminant. Ils doivent avoir le courage et l’expertise nécessaires pour conseiller leurs directions générales et refuser toute solution inadaptée. Leur loyauté doit aller à l’institution et non à des intérêts privés ou extérieurs. Car au bout du compte, seule la vérité protège les structures et garantit leur développement.
Magaye GAYE
Économiste international