Si le Premier ministre Amadou Bâ a réussi à exorciser la motion de censure qui visait à déposer son gouvernement, ça chauffe par contre entre l’autre de cet acte « de défiance », Yewwi, et son allié aux dernières législatives, Wallu, qui avait choisi l’abstention à l’occasion du vote de ladite motion. Un différend qui pourrait bien se prolonger, du fait des ambitions de chacune de ces deux entités politiques en direction de la Présidentielle de 2024.
Au lendemain du 2ème passage du Premier Amadou Ba devant l’Hémicycle, la semaine dernière, pour parer à la motion de « défiance » que le groupe parlementaire Yewwi askan wi avait déposé contre son gouvernement, le président du second groupe de l’opposition dans l’actuelle législature avait fait une sortie pour expliquer pourquoi leur camp avait choisi la neutralité : « si une partie de l’opposition estime devoir présenter une motion de Censure sans nous la présenter, sans nous impliquer, nous ne pouvons pas participer. C’est pourquoi nous nous sommes abstenus», avait souligné Mamadou Lamine Thiam. La réponse de Yewwi à cette précision a été servie hier à l’occasion d’un face-à-face des députés de Yewwi avec la presse : ils (les députés de Wallu, Ndlr) “ne sont pas tenus d’être d’accord sur tous les sujets. Toutefois, il serait bien d’être véridique“. Comme quoi et entre les lignes, l’autre opposition n’a pas été « véridique », pour ne pas dire qu’elle a tout faux. Pour le prouver le président du groupe parlementaire de Yewwi a révélé qu’il a joint par deux fois, et sans succès, son collègue Thiam. N’empêche, ils se seraient retrouvés avant les débats et que celui-ci l’aurait même orienté vers son collègue Mamadou Lamine Diallo, pour également profiter de l’expérience de parlementaire de ce dernier, aux fins de la motion.
Mieux ou pis, le député-maire et président du groupe de Yewi, Birame Soulèye Diop, a tonné que devant leur motion, “l’option de l’abstention n’était pas permise”. Les débats sont ainsi loin d’être clos entre Yewwi et Wallu ; surtout que si le leader de la première nommée, Ousmane Sonko, se veut « antisystème », celui de l’autre camp, Me Abdoulaye Wade, a dirigé douze ans durant le « système », en qualité de président de la République.
Il s’y ajoute que si Sonko clame urbi et orbi sa participation à la présidentielle de 2024, Wade fils, Karim Meïssa qui a hérité du parti de son père, a la même ambition sous la bannière de Wallu, malgré sa condamnation et son exil au Qatar depuis sa grâce par le tombeur de son père.
Et puisque seul ce grand scrutin est maintenant à l’horizon des électeurs sénégalais, le fossé risque de se creuser davantage entre Yewwi et Wallu.
Landing D. Diallo