Le dossier judiciaire d’Azoura Fall prend une nouvelle tournure. Selon son avocat, Me Abdoulaye Tall, l’activiste pourrait ne pas jouir de toutes ses facultés mentales, une situation qui pourrait avoir été aggravée par son séjour en détention. Pour éclairer la justice sur l’état psychique de sa cliente, une expertise médicale est désormais réclamée par la défense.
Intervenant dans ce dossier, Ansoumana Dione, président de l’Association sénégalaise pour la santé mentale, appelle à la plus grande prudence : « Il faut une expertise médicale préalable. C’est une exigence incontournable pour garantir que la justice ne commette pas d’erreur. »
Me Abdoulaye Tall affirme avoir déjà joint un certificat médical au dossier, documentant des troubles mentaux chez Azoura Fall. Si ces troubles sont confirmés par une expertise indépendante, la défense pourrait demander l’application de l’article 50 du Code pénal sénégalais, qui permet une exemption de responsabilité pénale pour les personnes atteintes de troubles mentaux au moment des faits.
Cependant, pour que cet article soit applicable, encore faut-il que le juge ou le procureur ordonne une expertise psychiatrique, afin de déterminer si l’accusée était consciente de ses actes. « C’est à la justice de trancher, mais cette expertise est une nécessité avant toute décision définitive », a insisté Ansoumana Dione.
En attendant, deux options se dessinent pour Azoura Fall : l’incarcération dans un établissement pénitentiaire ou l’internement dans une structure psychiatrique, en fonction des conclusions médicales. Cette situation délicate relance également un débat de fond : la gestion des personnes souffrant de troubles mentaux dans le système judiciaire sénégalais. « Beaucoup de personnes atteintes de troubles psychiques croupissent en prison sans que leur situation ne soit réévaluée, malgré la clarté de l’article 50 du Code pénal », déplore M. Dione.
Dans l’opinion, certains estiment qu’Azoura Fall ne souffre d’aucun trouble, soulignant qu’il « n’insulte que l’ancien président Macky Sall » et non le Premier ministre Ousmane Sonko. Une lecture que réfute Ansoumana Dione : « Les troubles mentaux ne se manifestent pas toujours de manière uniforme ou logique. Seul un médecin psychiatre peut établir un diagnostic sérieux. »
