Les députés de la 14ème législature sont en conclave depuis le 17 de ce mois de novembre finissant. Et, après les budgets dévolus aux institutions, ceux à allouer aux différents ministères continuent d’être votés ; en dépit des tentatives de blocage des deux grands de l’opposition parlementaire. Ce qui sonne comme une ère de basculement de certains d’entre eux ; au profit du pouvoir qui semble ainsi ne plus si craindre l’air de l’inconfort arithmétique, sur le papier, que fredonnaient ses contempteurs.

Les séquences du « film » de vote des budgets affectés aux institutions et ministères du Sénégal se poursuivent au sein de l’Hémicycle. Insultes voilées, attaques verbales, éloges, révélations, accusations et menaces : tout s’y voit et entend.

Cependant au rythme de la progression du « feuilleton » des plénières, il est à se demander où est donc passée l’opposition qui rêvait de contraindre la relative majorité du groupe parlementaire, sous son nouveau poids dans l’arène de la 14ème législature. Car, l’écart entre le bloc parlementaire au pouvoir et celui fragmenté de l’opposition parlementaire, toute réunie, n’est ou n’était que d’une voix. On avait même craint le pire pour Benno, quand sa tête de liste aux élections législatives du 31 juillet dernier annonça que faute de n’avoir pas été installée sur le Perchoir, elle se constituait député « non-inscrit».  Mais, dans les faits l’écart se creuse entre les  deux entités, qui se regardaient en chiens de faïence ; au détriment de ceux qui agitaient blocages et, même, « cohabitation » dans la présente législature. C’est ce qui est apparu, plus nettement et face aux caméras, lors du récent passage du ministre de l’Intérieur devant l’Assemblée nationale. Pourtant à  l’occasion, l’opposition réunie dans l’inter-coalition Yewwi-Wallu avait boudé la séance, suite à la sortie d’une députée jugée offensante à l’endroit d’un guide religieux très en vue du pays et président d’honneur d’un parti de la coalition Yewwi. Cette entité avait même exigé que l’audacieuse parlementaire présente ses excuses « aux Sénégalais » à cet effet. Ce n’est pas encore fait. N’empêche, ce sont 85 députés qui ont voté les 7 programmes du Budget, contre 79 « contestataires. Autrement, quatre à cinq députés du camp de l’opposition, ont trouvé des excuses valables à la « plaidoirie » du ministre Antoine Diome. Que sont alors devenus les marches contre les « arrestations arbitraires » et les abus en détention que tous les opposants décriaient ? Les cris de contestation ne se sont pas donc traduits dans les votes. Ainsi, à défaut de rester en l’état, la signée se poursuivre. Car, comme l’honorable député Ousmane Thiam, élu sur la liste de la coalition Wallu et donc membre du groupe parlementaire de l’opposition, bien d’autres pourraient arguer dans le même sens que lui : « Je prends mes responsabilités, car je suis libre. C’est la population de Kébémer qui m’a amené ici et je n’écoute que Kébémer et ma base. Je n’écoute aucune autre consigne, car je veux être quitte avec ma conscience. J’ai donné ma procuration à Seydou Diouf en tant président de la commission des finances…”. Des propos qui indiquent que l’opposition parlementaire s’éloigne progressivement des blocages agités, après la « cohabitation ». Ce n’est pas un simple euphémisme.

A D BADER