Le chef de l’Etat a lancé «Jokko ak Macky», un espace de dialogue direct avec les Sénégalais, particulièrement les jeunes. Une façon pour lui de satisfaire leurs attentes en mode fast-track.
Vendredi 22 avril, le médecin-chef du district sanitaire de Vélingara, Dr Omar Sané, réceptionne du matériel médical. Les extracteurs d’oxygène, lits d’hospitalisation, de gynécologie et d’accouchement, chariots, coins-nouveaux-nés, entre autres élémentsdu lot, sont destinés à améliorerla prise en charge au niveau du pavillon d’hospitalisation, de la maternité et de la salle de tri du centre de santé de la localité.
Ces équipements sont une dotation de la direction des Infrastructures et des Equipements médicaux du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Ils constituent une doléance des jeunes de la localité transmise au chef de l’Etat, qui s’était engagé à la satisfaire le 8 avril, lors de la troisième session des «Jokko ak Macky», le nouvel espace présidentiel de dialogue avec les Sénégalais, en particulier les jeunes, établis au pays et de la Diaspora. Le Président Macky Sall a donc tenu sa promesse en moins de deux semaines.
Tout en continuant de réclamer un hôpital de niveau 2 ainsi qu’un appareil de radiographie numérique, qui leur épargnerait de parcourir 100 km pour subir leurs examens à Tamba, Vélingara et ses 300 mille habitants saluent les premiers fruits de leur«Jokko ak Macky». «Nous félicitons le chef de l’Etat pour la promptitude de sa réaction en vue de soulager, en partie, les populations de Vélingara en matière de soins de santé», s’incline Massamba Diao, le vice-président du Conseil départemental de la jeunesse.
Pikine, Keur Massar, Dakar-Plateau, Médina
Les séances de «Jokko ak Macky» ont été lancées samedi 5 mars. Les jeunes de Pikine étaient à l’honneur. Quatre jours après cette rencontre inaugurale, Macky Sall a demandé au ministre des Collectivités territoriales et à son collègue du Plan «de lui proposer, d’ici à fin mars 2022, un Plan spécial d’aménagement et de développement du département de Pikine».
Keur Massar et Dakar-Plateau ont à leur tour rencontré le chef de l’Etat par visioconférence. Au niveau du dernier-né des départements du Sénégal, la santé, la formation, la culture et, surtout, les inondations, étaient parmi les sujets abordés. Sur cette dernière problématique, Macky Sall a d’abord rappelé les mesures prises dans le cadre du programme d’urgence contre le phénomène, notamment la pose d’une canalisation devant conduire les eaux pluviales de Keur Massar vers le marigot de Mbao. Il a ensuite annoncé un Programme spécial d’aménagement et de développement du département censé apporter une solution durable à l’équation.
Certaines questions «basiques» étaient également au menu du «Jokko ak Macky» de Keur Massar. La rencontre a permis, par exemple, à une participante nommée Ndèye Waré Touré de résoudre un problème administratif qu’il trainait depuis 2013. «J’ai pu bénéficier d’une annulation d’existence, d’un nouvel extrait de naissance et finalement, d’une pièce d’identité en bonne et due forme», confie-t-elle, manifestement soulagée.
Le même souci d’efficacité a été notéau détour du «Jokko ak Macky» consacré aux jeunes de Dakar-Plateau et de la Médina. Macky Sall ayant demandé au gouvernement, quelques jours seulement plus tard, «de finaliser, dans les meilleurs délais, avec les ministres et maires concernés, un Plan d’urgence de modernisation de l’arrondissement du Plateau». Ces deux communes constituant pour le chef de l’Etat «des vitrines de la capitale, dont l’amélioration du cadre de vie et l’épanouissement des populations s’érigent en priorités».
Grincements de dents
La nouvelle initiative présidentielle suscite des grincements de dents. Certaines voix, de l’opposition notamment, y voient une campagne déguisée en direction des Législatives du 31 juillet prochain. Des autorités de l’administration territoriale craignent, pour leur part, que les nouvelles promesses présidentielles, dans le cadre des «Jokko ak Macky», éclipsent les engagements antérieurs de l’Etat auprès des populations.
Comme pour répliquer aux uns et rassurer les autres, Macky Sall a indiqué qu’à travers sa nouvelle trouvaille, il cherche plutôt à trouver des «solutions pragmatiques aux aspirations et requêtes légitimes des citoyens». Sans gêner, s’empressent de préciser certains de ses partisans, le déroulement des programmes et projets de l’Etat en cours.
Dans ce sens, le président de la République invite le gouvernement à «renforcer les actions de proximité et l’écoute des populations, notamment les jeunes et les femmes». «Ces derniers, martèle-t-il, doivent disposer de toute l’attention requise pour la résolution de leurs préoccupations en termes de formation, d’insertion, de financement, d’emploi, d’infrastructures sociales de base, d’amélioration de leur cadre de vie.»
Macky Sall a toujours placé les jeunes au centre de ses préoccupations. Dès les premières années de son accession au pouvoir, il a créé la Délégation à l’entrepreneuriat rapide pour les femmes et les jeunes (DER/FJ) et le Fonds de financement de la formation professionnelle et technique (3FPT) pour répondre aux besoins de cette catégorie de la population en matière de formation et d’insertion. Mais depuis les émeutes de mars 2021, le chef de l’Etat accorde une plus grande attention aux aspirations de la jeunesse.
Ces événements avaient touché plusieurs localités du pays. Ils avaient causé plus d’une dizaine de morts, des centaines de blessés et des milliards de francs CFA de pertes économiques. Ils ont été déclenchés par l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr, avec la convocation du leader de Pastef. Mais les manifestations mettaient en scène des dizaines de milliers de jeunes qui exprimaient surtout leur mal-être et réclamaient plus d’écoute et d’attention de la part des pouvoirs publics.
Les fruits de Xëyu Ndaw Ñi
A cette jeunesse en colère, Macky Sall avait lancé : «Je voudrais vous dire que je comprends vos inquiétudes et vos préoccupations.» Avant d’annoncer un infléchissement de sa politique ainsi qu’une batterie de mesures. «J’engagerai dans les meilleurs délais une réorientation des allocations budgétaires pour améliorer de façon substantielle et urgente les réponses aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets et de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel», clamait le président de la République.
Un peu plus d’un mois après ce discours, le chef de l’Etat joint l’acte à la parole. Au cours du Conseil présidentiel pour l’insertion et l’emploi des jeunes, tenu le 22 avril 2021, il annonce une enveloppe de 450 milliards de francs CFA destinée au programme Xëyu Ndaw Ñi pour la période 2021-2023.«Je tiens à ce que ce programme soit pragmatique et orienté vers l’action, mais opérationnel de façon diligente à l’échelle nationale. Il devra répondre aux exigences d’inclusion, d’équité territoriale et de justice sociale», précisait-il.
Un an plus tard, l’équation de l’emploi des jeunes n’est pas totalement résolue. Mais le gouvernement a enregistré des avancées significatives. D’après les chiffres officiels, Xëyu Ndaw Ñi a généré 46 334 emplois dans des secteurs tels que l’environnement et le cadre de vie, la santé, le tourisme, la sécurité, le service civique national et l’animation socioéducative.
Les sessions «Jokko ak Macky» entrent dans le cadre des efforts de l’Etat dans la prise en charge des préoccupations des jeunes. Elles traduisent au bout du compte un rétablissement de la connexion entre le Président Macky Sall et la jeunesse de son pays. Seneweb