People walk in front of the Palace of Justice in Dakar on September 21, 2015 where Chadian ex-dictator Hissene Habre is being prosecuted. The 73-year-old, who fled to Dakar after being deposed in 1990, is being prosecuted in his adoptive country for war crimes, crimes against humanity and torture during eight years of repression. AFP PHOTO / SEYLLOU

Momy S, 30 ans, a comparu devant la Chambre criminelle de Dakar ce mardi, accusée d’infanticide. L’affaire, rapportée par DakarActu, a révélé une situation dramatique marquée par la dissimulation d’une grossesse et la mort tragique d’un nouveau-né.

Momy S., divorcée et recueillie par sa tante, a caché sa grossesse pendant neuf mois sans que personne ne s’en aperçoive. Le jour de l’accouchement, elle a donné naissance à un garçon vivant dans les toilettes de son domicile. Dans un geste tragique, elle a ensuite placé le bébé dans un sac en plastique qu’elle a dissimulé sous son lit.

Après l’accouchement, souffrant de douleurs abdominales, Momy S. a été transportée à l’hôpital où le médecin a découvert qu’elle venait d’accoucher, alertant ainsi les autorités. Les enquêteurs ont fouillé son domicile et découvert le corps sans vie du nouveau-né. Momy S. a alors prétendu que le bébé était mort-né, une version contredite par l’autopsie qui a confirmé que l’enfant était vivant à la naissance.

Devant le tribunal, Momy S. a nié les faits, affirmant : « Je n’ai jamais tué l’enfant. Il était mort-né. Et le médecin a écrit des contrevérités dans son rapport médical. J’ignore le père de l’enfant. J’ai accouché chez-moi dans les toilettes. Et, après l’accouchement, j’avais déposé l’enfant sous mon lit avant de l’introduire dans un sachet. J’étais en position assise au moment de l’accouchement. »

Le président de la Chambre a rappelé les conclusions du médecin, soulignant que le nouveau-né pesait 3 kg sans lésions externes et que l’autopsie prouvait qu’il était vivant à la naissance. Interrogée sur son geste de mettre le bébé dans un sac en plastique, Momy S. a admis : « Je reconnais avoir commis une erreur en mettant le bébé dans un sac en plastique. »

Le procureur a estimé que le cas était clair, soulignant que Momy S. avait été hospitalisée pour des douleurs abdominales, ce qui a révélé son accouchement récent. « La science a aidé la justice. Dans ces cas, les accusées disent souvent que l’enfant est mort-né. Ici, le diagnostic médical est clair : le bébé respirait à la naissance. La dissimulation de la grossesse et les circonstances de la naissance montrent une intention criminelle, » a-t-il déclaré, demandant une peine de 10 ans de réclusion criminelle et notant l’absence de repentir de l’accusée.

La défense, représentée par Me Ndiack Ba, a jugé la peine requise de 10 ans d’excessive. « Certes, le certificat médical est accablant. Et les faits posés par ma cliente sont répréhensibles. Mais ce n’est pas parce qu’elle est mauvaise. Avec la pesanteur sociale, on peut commettre des actes, » a-t-il plaidé, demandant une application bienveillante de la loi pénale. Me Fara Gomis et Me Nokhine Mbodji ont également insisté sur la pression sociale subie par Momy S., demandant clémence et soulignant que le poids de la culpabilité était déjà une sanction suffisante.

Aminata DIEYE