C’est un cri de cœur. Près de 10 mille âmes de cette contrée vivent un enclavement sans précédent, surtout en cette saison d’hivernage. Kamatane regroupe 15 villages et 2 hameaux, cette localité est nichée au cœur de la commune de Djilor Djognick ; dans le département de Foundiougne. C’est une zone où se pratiquent des activités diverses : l’élevage, l’agriculture, le maraichage, la pêche et la transformation des produits halieutiques. Alors faut-il laisser cette contrée mourir de sa belle mort ? Certainement pas.

 Kamatane : est une zone avec un maillage de villages centenaires, renfermant un fort dynamisme économique. A titre d’exemple : l’on peut citer les villages de Keur Yoro et Ndiassane Saloum. Ce dernier plus connu sous l’appellation de Kamatane Secco. Le premier à savoir, Keur Yoro fut fondé en 1904 et le second à peu près la même période par la famille de Cheikhna Cheikh Bou Counta de Ndiassane (Ndiassane est la capitale des Khadres du Sénégal).

Cela dit. C’est une zone qui peut se targuer de sa cohésion sociale. Elle est pluriethnique et multiculturelle. Dans ce terroir, cela depuis des décennies et des décennies, cohabitent des Peuls, Sérères, Wolofs, Bambaras et Soninkés. Cette cohabitation harmonieuse et paisible est le soubassement même de l’AND de cette localité. C’est tout simplement un havre de paix.

Ces dernières décennies témoignent également d’un fort taux de scolarisation des enfants du terroir. En atteste la floraison des écoles dans les villages de Keur Oumar, Ndour-Ndour, Keur Yoro, en plus de l’école de Kamatane fondée juste après les indépendances. Aujourd’hui, Ndiassane Saloum abrite le collège d’enseignement moyen. Donc un ouf de soulagement pour les parents qui à l’époque, après le cycle primaire, envoyaient leurs enfants à Foundiougne, Sokone, Fatick ou Kaolack pour poursuivre les études. Cela est maintenant devenu un vieux souvenir puisque Djilor possède un lycée.

Kamatane est une bande de terre qui longe le fleuve Sine Saloum. C’est un véritable pole économique,  laissé en rade et abandonné à son sort, depuis des décennies.

Les principales attractions économiques sont les marchés hebdomadaires de Passy, Foundiougne, Mbam entre autres. Cette zone malgré le potentiel économique qu’elle renferme souffre d’un enclavement sans précédent. Et le préjudice économique y est énorme. La seule route principale qui permet la communication est celle de Passy-Foundiougne. Qui traverse des villages de Diagane, Mbandandare, en partant de Passy, ensuite la commune de Djilor, les villages de Guagué Chérif, Gagué Mody, Gagué Bocar et Mbam.

Un enclavement endémique qui minore toutes les activités

Cette zone souffre depuis des décennies d’un enclavement endémique. C’est une bande de terre dont l’accès est impossible pendant l’hivernage. Toutes les routes et pistes qui relient ces villages deviennent tout simplement impraticables, dès les premières gouttes de pluie. Bloquant ainsi toutes les activités de la localité. Les voitures, charrettes et même motos Jakarta ne peuvent plus circuler, en cette période. Ainsi, cesse toute activité économique le temps d’un hivernage de 3 mois. « D’ailleurs, le seul horaire qui partait, tous les jours de Kaolack pour rallier cette zone a cessé de fonctionner. Car la route est devenue impraticable », se désole un habitant.

Une piste de production, ancienne doléance devenue une urgence sociale

L’urgence aujourd’hui, est la création d’une piste de production. C’est même devenu une demande sociale. L’érection d’une piste de production serait d’un grand intérêt économique pour ces habitants. Dont les principales activités sont : la pêche, l’agriculture, l’élevage et le maraichage. Par conséquent, une voie de communication reliant cette zone aux principaux axes pourrait enlever une épine du pied de ces populations.

Cette route prendrait origine à partir de Gagué Chérif en traversant les villages de Keur Nganry, Keur Pathé, Keur Mbondji, Keur Oumar, Ndour-Ndour, Keur Yoro, Keur Djindaki, Keur Gory, Keur Yougo, Kamatane Ngamsa, Bambara, Mbar, Ndiassane Saloum, Diamagueune, Keur Thiénéké. Ainsi faite, cette piste permettrait de rallier rapidement Kaolack en empruntant la route nationale par Keur Waly Ndiaye. C’est une distance de près de 20 km. Avec la réalisation de cette piste de production c’est la libération de toutes les  énergies  que cette zone renferme.

Certains de ces populations lancent un cri de détresse à l’Etat du Sénégal. « Notre vœu le plus urgent et le plus ardent en ce moment est l’érection de cette piste. Nous lançons un appel à l’Etat du Sénégal et à tout partenaire de nous venir en aide. C’est seul l’Etat qui peut nous sortir de cet enclavement, et nous voudrions bénéficier du programme du PUDC. Car nous savons bien que cette doléance (piste de production) relève intégralement du domaine de l’Etat. Et je suppose que si elle relevait du domaine des collectivités territoriales, notre commune de tutelle (commune rurale de Djilor) l’aurait réalisé depuis longue date. Ainsi donc, nous avons, également besoin du plaidoyer de nos hommes politiques qui sont dans la zone », a confié cet habitant.

Le seul forage de la localité n’est plus fonctionnel

 Dans la zone ce n’est pas la seule doléance qu’ont ces populations. Car l’eau, source de vie, constitue une autre priorité. C’est un autre casse-tête qui hante les résidents. Le seul forage qui polarisait tous les villages de la localité n’est plus fonctionnel. Son arrêt remonte vers la fin des années 90. Il a été construit dans les années 80 par l’ONG Caritas. C’est dire que l’eau constitue un autre problème majeur.

« L’acquisition d’un forage reste encore à l’état de promesse. La promesse nous a été faite, il y a bientôt 5 ans mais rien jusque là fait. Et Dieu sait que nous en avons énormément besoin », affirme cet autre habitant de la zone.

Dans cette contrée logée au cœur du Sine tout est en partie urgent. Car une localité renfermant un tel potentiel économique a forcément besoin d’un axe routier en état. Cette période coïncidant avec le début de la pêche des crevettes (activité très rentable, avec des emplois directs et indirects) le problème de l’écoulement de ce produit halieutique va surement se poser. Cependant tout n’est pas noir dans le tableau. Une lueur d’espoir commence à jaillir. Puisque l’électrification de la zone, sous peu, va devenir une réalité. L’étude de faisabilité étant bouclé il ne reste plus que quelques derniers réglages.