En Éthiopie, le Tigré est soumis à un blocus humanitaire et les communications sont coupées. Les rares échos qui parviennent de la guerre indiquent que les combats sont d’une extrême violence et que la situation humanitaire y est critique, comme ce témoignage du docteur Fasika Amdeselassie, chirurgien à l’hôpital Ayder de Mekele, la capitale tigréenne.

« Aucun laborantin n’a pu venir ici en 17 mois. Cela fait 17 mois que nous n’avons pas été approvisionnés en traitements contre le cancer, raconte Fasika Amdeselassie, travaillant à l’hôpital Ayder de Mekele. Bien sûr, nous avons pu recevoir du fluide pour les intraveineuses et des antibiotiques, mais en quantité négligeable par rapport à nos besoins. Alors, pour le dire simplement, depuis le mois d’août, nous nous efforçons de prodiguer des soins à nos patients, mais seulement partiellement. »

« Personne n’agit concrètement pour stopper cette catastrophe »
Face au manque de matériels, de médicaments et de personnel, l’hôpital ne peut plus fonctionner correctement et est même obligé de refuser des patients : « Nous en refusons beaucoup. Nous leur disons de retourner chez eux. À certains autres, nous disons même de ne pas se rendre à l’hôpital. Nos services fonctionnent à peine. Cela fait un mois que nous n’avons plus d’insuline. Les patients diabétiques meurent. Nous commençons à manquer de produits pour les dialyses. Les patients avec des problèmes rénaux vont commencer à mourir. On dirait que nous sommes négligés. Notre situation ne dérange personne. À part nous qui vivons dans le Tigré, personne n’agit concrètement pour stopper cette catastrophe humanitaire. »

Concernant l’aide humanitaire, le personnel de l’hôpital finit par perdre espoir : « Nous ne savons pas. Ce n’est pas de notre ressort. Pour cela, le gouvernement fédéral doit autoriser les vols humanitaires à se rendre à Mekele. Alors, je ne vois aucun espoir, je ne sais pas. »

Dans ce contexte, l’envoyé spécial américain Mike Hammer a commencé lundi une nouvelle longue mission en Afrique pour tenter de relancer un processus de paix, trois semaines après une précédente tentative sans résultat. Cette mission durera quinze jours, jusqu’au 18 octobre. La précédente, début septembre, avait duré onze jours, mais elle n’avait débouché sur rien de concret, sinon une rencontre informelle et discrète entre des délégations éthiopienne et tigréenne, à Djibouti, qui avait finalement tourné court.

Cette fois, alors que la guerre devient chaque jour plus violente, Mike Hammer entreprend un autre voyage, avec de nouveaux interlocuteurs. Il se trouve ce mardi soir au Kenya, où il devrait rencontrer l’ancien président Uhuru Kenyatta, nommé par son successeur pour servir de médiateur dans la crise éthiopienne. Il rencontrera également des ambassadeurs étrangers et des ONG, pour évoquer l’approvisionnement humanitaire du Tigré, où la situation est critique.

Il se rendra ensuite en Afrique du Sud pour « faire avancer l’effort de médiation mené par l’Union africaine ». Il s’envolera ensuite pour Addis-Abeba, pour rencontrer le gouvernement fédéral éthiopien, bien sûr, mais aussi l’UA et l’ONU, de même que des organisations humanitaires. Selon le communiqué officiel, son but est de « parvenir à une cessation immédiate des hostilités dans le nord de l’Éthiopie et soutenir le lancement de pourparlers de paix » dirigés par l’Union africaine.

RFI

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