L’appareil judiciaire, ou le régime de Macky Sall, a acté le placement sous mandat de dépôt de notre engagé confrère Pape Alé Niang. Ce prisé chroniqueur, coupable d’informer en toute liberté, entre ainsi dans l’histoire. Par la porte du refus, justifié. Ceux qui l’ont kidnappé tenteront de lui faire boire la « ciguë » : ce breuvage criminel qui fut servi au philosophe Socrate. N’empêche, cet ancien Sage grec traverse le temps. Ceux qui l’avaient condamné n’ont pas survécu à ce qui fut la Cité d’Athènes. Ce sont donc ses geôliers de Pape Alé qui doivent trembler.
Trembler, encore, parce qu’au-delà de cette leçon de l’Histoire, leur détenu sera partout soutenu : par ceux qui partagent l’avis selon lequel « même si je ne partage pas ce que tu dis, je me battrais pour que tu puisses le dire » : c’est là le sacré mode opératoire d’une vraie démocratie. En l’enfreignant les coupables geôliers de Pape Alé ont secoué un pan fondamental de l’ossature d’une République.
De ce grave fait, Pape Alé aura avec lui et contre eux les magistrats indépendants et républicains, les sentinelles et militants de la société civile et, bien sûr, ses confrères du 4ème pouvoir. D’ici et d’ailleurs ! Il va de soi que les forces démocratiques et politiques ne seront pas en reste. Quid des citoyens qu’il servait, patriotiquement, derrière son clavier ?
Les geôliers de Pape Alé sont ainsi sur le banc des accusés de toutes les entités responsables, de tous les esprits libres et même des « militants responsables » du parti et de la coalition au pouvoir. Bien des lames de fond qui menacent ainsi le Temple de Thémis de chez-nous, dont le moteur est de plus en plus diagnostiqué comme fonctionnant à deux vitesses : celle qui ménage les puissants et parvenus. L’autre qui broie les « simples citoyens ». L’arrestation et le placement sous mandat de dépôt du journaliste Pape Alé semble confirmer ce constat.
C’est donc Dame justice qui a mis le feu aux poudres, qui doit trembler. Son « commanditaire » avec lui.
Car le Président Me Wade avait buté contre les cris d’indignation suscités par l’arrestation du journaliste Madiambal Diagne.
Ils ont commencé à s’élever à 15 mois de la fin du mandat de son prédécesseur Macky Sall, avec le placement sous mandat de dépôt du chroniqueur Pape Alé Niang.
Dame justice ne sera pas donc seule à trembler ; même si c’est elle qui a mis le feu aux poudres.
A D BADER