Des soldats maliens et des mercenaires russes de Wagner sont arrivés à Ouagadougou. La situation est confuse au Burkina depuis l’attaque de Mansila, mardi 11 juin dernier, au cours de laquelle plus d’une centaine de soldats burkinabè ont été tués et certains pris en otage par les jihadistes du Jnim (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, liés à al-Qaïda). Après ce massacre, au sujet duquel les autorités de transition burkinabè n’ont à ce jour fait aucune déclaration, un mouvement de grogne s’est exprimé au sein d’une partie de l’armée. Mercredi dernier, un obus a été tiré sur le siège de la télévision nationale. L’origine de ce tir demeure à ce jour mystérieuse. Quant au président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, il s’est brièvement montré dimanche à l’occasion de la Tabaski, sans s’exprimer, il a également posté deux messages sur les réseaux sociaux pour parler de don du sang et des épreuves du baccalauréat. Ce qui ne fait qu’alimenter les interrogations sur sa situation… Dans ce contexte, selon nos informations, des soldats ont été transportés du Mali vers la capitale burkinabè Ouagadougou
Les applications de suivi aérien montrent qu’un appareil affrété par la compagnie russe Abakan Air a fait à quatre reprises le trajet de Gao, dans le nord du Mali, à Ouagadougou, entre samedi et lundi. Précisément un Iliouchine (II-76), un avion de transport militaire capable d’accueillir un grand nombre d’hommes et d’importantes quantités de matériel. Le même appareil a ensuite fait plusieurs rotations entre Bamako et Ouagadougou, lundi et hier mardi.
Selon les informations recoupées par RFI auprès de plusieurs sources sécuritaires de pays de l’Alliance des États du Sahel (Mali-Burkina-Niger), 80 à 120 hommes, des militaires maliens et des mercenaires russes de Wagner désormais intégrés au « Corps africain » géré par les services extérieurs russes sont ainsi arrivés, et se trouvent toujours, dans la capitale burkinabè.
Leur mission : appuyer le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, dont le pouvoir est présenté comme « vacillant ».
S’agit-il de le protéger d’une mutinerie, voire d’une éventuelle tentative de coup d’État, afin de le maintenir au pouvoir ? Ou d’éviter tout débordement jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée pour une forme de « rectification de la transition » burkinabè ?
L’expression avait été utilisée par les autorités militaires du Mali en mai 2021 après le second putsch dirigé par le colonel Assimi Goïta contre le président et le Premier ministre de transition de l’époque, après une tentative de remaniement ministériel.
Certaines sources assurent que ces hommes ont vocation à se rendre à Dori, non loin de Mansila, d’où le mouvement de contestation serait parti après le massacre commis par le Jnim la semaine dernière. Une information démentie par les sources jointes par RFI. Mercredi après-midi, des habitants joints par RFI à Dori assuraient que la situation y était calme.
À ce stade, beaucoup de questions et d’hypothèses, mais aucune certitude sur la suite des évènements, qui se jouent donc au niveau national burkinabè, mais également au niveau régional de l’AES, et avec l’implication des supplétifs russes de Wagner.
Source RFI