Le 8 ou 9 mai est l’anniversaire du plus grand évènement du XXe siècle, la fin de la deuxième guerre mondiale, avec l’écrasement de l’hitlérisme allemand, du fascisme italien et de leurs alliés.
Une victoire et deux dates pour la marquer, pourquoi ? Eclairer ce constat et cette question, c’est essayer de comprendre le passé depuis la révolution d’Octobre 1917, le présent et projeter le futur. En plus, pour l’Afrique ou les pays qui furent colonisés, le comprendre est une partie de l’entreprise de rédemption mémorielle et politique.
Les acteurs de la victoire ne poursuivaient pas les mêmes buts stratégiques au-delà de la défaite d’un groupe d’ennemis communs. L’Alliance du camp vainqueur était-elle plus tactique que stratégique ? Le moment de sa réalisation est révélateur de ses raisons et chaque partie gagnait quelque dans cette opération. Pourquoi les acteurs ne s’entendirent pas pour prévenir cette guerre, voilà une question d’éclairage. Bref, après la résistance de la Russie et sa contreoffensive réussie contre l’Allemagne, nul doute sur l’issue de la guerre. Dès lors s’unir avec à la Russie s’est imposé à ceux qui n’en voulaient pas !
L’Alliance triomphante a organisé le sort des vaincus et structuré le monde en zones d’influence
Le monde occidental et la Russie fêtent respectivement le jour du 8 ou 9 mai comme anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie de Hitler, l’Italie fasciste de Mussolini et les pays dit de l’Axe.
Les contributions des acteurs du camp de la victoire sont diverses et inégales. L’indication précédente des circonstances et du moment de la formation de ce camp est déjà éclairante. Les majors furent l’Union Soviétique et les Etats Unis d’Amérique.
Jusqu’à la fin des temps la question du contributeur le plus important sera controversée, parce qu’elle est politique, idéologique, stratégique et morale traduisant des visions opposées du pouvoir et de l’humain. Le négationnisme ne date pas de maintenant.
Trois faits indéniables que personne ne peut nier sont à rappeler pour savoir qui a fait plus : le nombre de morts et blessés ; les destructions sur son propre sol ; la prise de Berlin ou de Tokyo et par quels moyens.
Ces trois faits indéniables reflètent une morale et une constance du comportement vis à vis des autres peuples. Pour qui la vie d’autrui n’a pas d’importance est évident pour peu que l’on regarde les faits et que l’on s’intéresse à l’histoire : la domination et l’exploitation, justifiant toutes les formes de violence, d’horreur et de barbarie.
Comprendre l’essence des choses et la dialectique de leurs interrelations est important pour qui s’intéresse à l’avenir de son peuple.
Voilà grosso modo pourquoi deux dates pour une même victoire.
Le monde entier est redevable à l’Union soviétique pour son impérissable contribution au sauvetage de l’humanité contre la barbarie nazie, dont le triomphe aurait généralisé les fours crématoires et les camps de la mort sur tous les continents.
L’Afrique peut aisément imaginer ce qu’aurait été son sort, au regard duquel l’esclavage et la colonisation qui continuent de peser sur notre situation apparaitraient plus supportables.
Toutes les conquêtes du XXème siècle vers la liberté de l’Afrique sont redevables envers l’Union soviétique depuis la révolution d’Octobre et à la Fédération de Russie qui en prit la succession.
La Russie avec son peuple et son Etat est le pays qui subit plus que tout autre la confrontation avec le monde occidental conduit par les Etats-Unis.
Dans cet affrontement les moyens militaires les plus radicaux (les armes atomiques) ne peuvent pas être utilisés sans appeler une réponse par l’usage de moyens aussi destructeurs, pouvant signifier soit la fin de la vie sur terre ou une mutation du genre humain dont personne ne peut envisager les conséquences.
Donc comme personne n’envisage avec cynisme la disparition de son peuple, il semble exclu que l’Occident recourt à la guerre nucléaire pour tenter de soumettre la Russie. Rappelons qu’un tel moyen fut utilisé par l’Amérique contre le Japon à Hiroshima et Nagasaki, sans nécessité militaire, mais pour en garder le contrôle économique politique militaire et stratégique contre l’Union soviétique et l’Asie en devenir.
Alors comment provoquer la chute de l’Etat russe et dépecer ce pays ? cette question s’est posée aux Anglos Saxons dès 1917.
La chute de l’Union Soviétique recèle-t- elle des leçons applicables à la Fédération de Russie ? Par quoi faut-il les compléter pour atteindre l’objectif visé de destruction de la Russie ?
Les Etats-Unis ont tiré toutes les conséquences possibles de l’effondrement de l’Union soviétique.
La course aux armements, l’économie, la culture et l’extension des frontières de l’OTAN et de l’Union européenne jusqu’à toucher celles de la Russie sont le prélude de la nouvelle implosion de « l’empire du mal. » Il ne restait qu’à s’emparer de l’Ukraine, ce qui fut achever avec la révolution de couleur dite MAIDAN.
La sortie des Etats-Unis des accords stratégiques les liant à la Russie et la relance de la course aux armements étaient les éléments militaires du Projet, spéculant sur le retard militaire de la Russie et la certitude qu’elle n’utiliserait pas les armes nucléaires qu’elle possède ou qu’elles seraient annihilées avant leur déploiement ou interceptées. Bien sûr, l’état de l’économie comme le front de la propagande ne furent pas ignorés.
La guerre contre la Russie par un proxy, l’Ukraine, était planifiée de longue date, méthodiquement, pas à pas, comme la mèche du dispositif d’implosion.
La Russie a averti sans succès. Une suite de duperies tient lieu de réponses diplomatiques pour l’endormir. L’ancien Président français Hollande et l’ancienne chancelière allemande Merkel avouèrent que les accords de Minsk étaient une ruse de guerre pour permettre à l’Ukraine de s’armer pour affronter la Russie.
En 2022 la Russie a lancé « l’Opération Spéciale ». L’argent, les armes, les conseillers, le renseignement militaire ont été ouvertement livrés à l’Ukraine. L’OTAN conduisait la guerre des Etats-Unis et de l’Europe contre la Russie, sur le territoire de l’Ukraine.
La Russie a gagné dès les premiers jours. L’Ukraine, écrasée, a accepté de capituler. Le Premier Ministre Boris Johnson est venu précipitamment à Kiev donner l’ordre à Zelenski de ne pas signer, lui assurant qu’il aura à foison toutes les armes et tout l’argent nécessaires à sa victoire.
Les Etats-Unis et l’Europe escomptaient la défaite de la Russie pour ouvrir le front contre la Chine.
L’ancien ministre français des Finances Bruno Lemaire n’a pas caché son bonheur et s’était venté de briser la Russie en quelques mois, à travers la faillite inévitable et rapide de son économie, avec des conséquences socio politiques débouchant sur une crise politique majeure et probablement le changement de régime. Rééditer l’implosion de l’Etat et la soumission du pays et son démembrement, exactement comme ce qui s’est passé avec l’Union Soviétique et le camp socialiste en 1991 était l’objectif.
C’est le contraire qui s’est produit, à la surprise des stratèges otaniens. Aujourd’hui l’armée russe est celle qui a la plus grande expérience de la guerre moderne et avance vers les objectifs qui lui sont fixés par l’autorité politique. L’économie du pays, malgré toutes les sanctions de plusieurs décennies, est la quatrième derrière la Chine, les Etats-Unis et l’Inde, dans un contexte de guerre.
Sur le plan de la politique internationale, la Russie est l’un des acteurs majeurs de la multipolarité.
L’apparition des BRICS est l’expression de cette nouvelle figure du paysage mondial qu’est la multipolarité. Si elle dure en se renforçant l’influence de l’Occident sur l’économie mondiale diminuera inexorablement plus vite.
Voilà le coup d’arrêt porté contre le Projet qui voulait brider la perte de puissance et d’influence dominatrices de l’impérialisme sur le monde.
A la fois la situation est belle et grave.
Elle est belle parce que la crise de l’impérialisme n’a jamais été aussi aigu dans son histoire, dans son sein d’abord et dans ses rapports avec sa « périphérie », en voie de devenir le nouveau centre de l’économie mondiale d’autre part. En plus ce nouveau « centre-périphérie n’est pas dépourvu de moyens de défense militaires.
La situation est grave en raison de l’extrême crise de l’impérialisme, qui réglait ses contradictions majeures par la guerre, pour créer de nouveaux rapports de force comme structure de cohabitation.
Cette culture de la permanence de la guerre héritée des temps les plus anciens des humains, toujours plus violente et destructrice, a fini par constituer une sorte d’ADN.
Le continent africain ne serait-il pas l’exutoire naturel de la crise de l’impérialisme ? Il faut ouvrir nos yeux et nos cerveaux.
Revenons au cours général de cette réflexion.
Les Anglo-Saxons voulaient finirent le « job » commencé en 1917 pour étouffer la jeune révolution des Bolchéviks conduite par Lénine.
Ils échouèrent et poursuivirent le « job » à l’occasion de la deuxième guerre mondiale, en orientant Hitler, en faisant le service minimum pour lui laisser le temps de venir à bout du pays des Soviets sous Staline.
Remettre en marche le « job » à finir, suite à la faillite provoquée de l’Union soviétique, facilitée par l’incompétence de la direction du Parti Communiste post victoire sur le nazisme et le fascisme, fut actualisé.
La Russie s’est lentement redressée de la défaite politique, militaire et économique qui aurait pu sceller son statut de puissance régionale géographiquement démembrée.
Sous sa direction, Poutine conduisit avec vision, patience, intelligence et ténacité la remise à flots de son pays.
« L’Opération Spéciale » en Ukraine est la troisième et dernière partie du match macabre entre les Anglos Saxons et le pays de la Révolution d’Octobre. Elle clôture une longue phase historique.
La Russie a gagné et devra affronter cette autre phase historique portant l’empreinte brillantissime de Poutine.
La politique de Trump pour la fin de la guerre en Ukraine par une négociation avec la Russie et la normalisation des rapports entre les deux pays, comme les démêlés sérieux de l’Amérique avec l’Europe et l’OTAN sont une preuve irréfutable que le Projet de destruction de la Russie a échoué et que tout ce qui servait ce projet est caduc et doit être abandonné sans ménagement. S’y ajoute la condamnation sans concession de Trump et de son vice-président du wokisme.
L’Amérique ne renonce pas à ses projets de domination et d’exploitation, elle cherche de nouvelles voies pour y parvenir.
Bien sûr, la défaite de la Russie remodèlerait le visage du monde, pour des décennies et des décennies, voire des siècles. Dieu merci il n’en est pas ainsi.
Voilà pourquoi ce qui se passe en ces temps a à voir avec la commémoration du 80ème anniversaire de la victoire sur le nazisme et le fascisme. Ne pas le comprendre expose à des revers politiques graves.
En cela le monde entier est redevable à la Russie.
Il ne s’agit pas ici de sentiments ou d’admiration ou de parti-pris. Seule la conscience des enjeux et de la réalité dicte la position.
Russie soviétique communiste ou Russie non soviétique et non communiste, le pays et le peuple sont restés les mêmes. Cela aussi comporte une leçon fondamentale : l’idéologie est un moyen et non une « religion » pour l’action politique.
La seule « religion » valable en politique est la fidélité absolue aux intérêts de son peuple, à ne pas confondre aux intérêts de sa classe dirigeante. S’il y a coïncidence c’est tout bénéfice pour le peuple et dans le cas contraire c’est une terrible tragédie. Alors la recherche d’une nouvelle classe politique dirigeante reste une tache historique à réaliser.
Pour l’Afrique et les Africains, il est important de ne pas se laisser attraper encore et encore par le narratif faux et hypocrite de l’Occident, servi sous des oripeaux comme à l’époque de nos arrières-arrières ancêtres quand ils rencontrèrent les étrangers venus pour nos malheurs, qui se prolongent jusqu’à maintenant.
L’avenir du continent africain est lié au sort des BRICS.