Des signaux positifs côté recettes et dépenses courantes

Au 31 mars 2025, les recettes internes s’élèvent à 1 019,82 milliards FCFA, enregistrant une hausse de +12,23 % par rapport à la même période en 2024. Cette progression est notamment portée par une croissance des recettes fiscales (+11,6 %) et non fiscales (+24,4 %). Le Fonds National de Retraite (FNR), quant à lui, affiche un solde excédentaire de 11,7milliards FCFA, en partie grâce à une augmentation du nombre de cotisants.

Du côté des dépenses, la masse salariale (357,07 milliards FCFA) et les charges de la dette (225,24 milliards FCFA) ont été exécutées à 100 %, témoignant d’une bonne gestion des dépenses courantes. Le budget alloué à l’Éducation représente 54 % de la masse salariale, devant la Défense et la Santé, ce qui confirme une orientation sociale marquée.

Les organismes publics (OP) ont également joué leur rôle dans la mobilisation des ressources, avec 509,04 milliards FCFA collectés, soit 23,7 % des prévisions annuelles, dont une part importante en ressources propres (336,47 milliards).

Des retards notables dans l’investissement public

Malgré ces performances, le Dr Bocoum pointe un taux très faible d’exécution des ressources extérieures, avec seulement 8 milliards FCFA mobilisés sur les 245 milliards prévus (soit à peine 3,27 %). Les dons en capital ont chuté de 71 %, ce qui limite considérablement la capacité de financement de projets structurants.

Le retard dans les investissements directs de l’État est également préoccupant : seulement 2,64 milliards FCFA ont été ordonnancés, soit 0,86 % des crédits ouverts. Le taux global d’exécution des dépenses en capital reste faible (13,99 %), soulignant un rythme d’exécution lent.

Des menaces budgétaires à surveiller de près

Le déséquilibre persistant entre recettes et dépenses reste un point d’alerte majeur. Alors que les recettes totales atteignent 1 027,82 milliards FCFA, les dépenses s’élèvent à 1 419,45milliards FCFA, creusant un déficit préoccupant.

Autres facteurs de vulnérabilité identifiés :

  • Masse salariale élevée, représentant près de 25 % du budget ordinaire
  • Risque de sous-financement des projets en raison de la faible mobilisation de ressources extérieures
  • Endettement des entités publiques, qui atteint 792,88 milliards FCFA (dont 67 % de dette bancaire)
  • Contexte international instable (taux d’intérêt, aide extérieure, marché des matières premières), qui fragilise la soutenabilité budgétaire
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  • Une performance fiscale à consolider, des réformes structurelles à accélérer

L’analyse du Dr Bocoum met en exergue une dynamique encourageante au niveau fiscal, mais appelle à une réorientation urgente des efforts vers l’investissement productif et une meilleure gestion de la dette publique. La capacité de l’État à accélérer les réformes structurelles et à sécuriser les financements extérieurs déterminera la résilience budgétaire dans les prochains mois.