Les habitants de Kamatane ont tenu à se faire entendre. Ils ont battu le macadam ce samedi pour réclamer une route, de l’eau, de l’électricité entre autres. Des aspects sur lesquels la zone est très mal dotée. Ce sont de vielles doléances qui, aujourd’hui sont remises à l’ordre du jour. Et l’enjeu est de taille.
Les cris de cœur des populations de Kamatane n’ont jamais trouvé écho. Cela fait des décennies que les Kamatanois prennent leur mal en patience. C’est une contrée abandonnée à elle-même, délaissée, voire oubliée. Tous les régimes qui sont passés par là n’ont jamais prêté une oreille attentive à ces populations. Qui plus est, sont des citoyens de ce pays.
La sourde oreille de l’Etat
De Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, cette contrée n’a jamais fait l’objet d’attention à l’endroit de l’Etat du Sénégal. Aucune infrastructure sociale digne de ce nom n’a été érigée à Kamatane.
L’arrivée de Macky Sall au pouvoir avait pourtant suscité un regain d’espoir. Mais que nenni. La désillusion, après quelques années sous la gouvernance du successeur de Wade, a fini par s’installer chez ces citoyens sénégalais. Kamatane est pourtant niché au cœur du Sine, dans la région de Fatick, département de Foundiougne et commune rurale de Djilor Djognick.
« C’est une zone qui a toujours fait le plein pour Macky Sall et sa coalition, à chaque élection. Mais nous, nous sommes les oubliés. Les politiciens de la zone ne viennent nous voir que le temps d’une élection. Et notre terroir malgré ses potentialités économiques se meurt. Alors nous voulons que cela cesse car nous sommes des Sénégalais », s’est offusqué ce jeune participant à cette manifestation.
Le droit à une vie meilleure
C’est une contrée avec près de dix mille âmes qui crie son ras-le-bol. Et ces habitants ne font que revendiquer leur droit. Le droit à un mieux être. Ce qui passe forcément par le désenclavement de la zone, son alimentation en eau et et l’érection d’un poste de santé digne de ce nom. Le seul existant à nos jours : c’est le poste de santé de Djilor. Et il manque de personnel qualifié. Il est distant de 20 kms de certains villages de la zone. « Il est arrivé à plusieurs reprises que des femmes accouchent chez elles pendant la saison des pluies. Parce que tout simplement la zone reste coupée du reste du territoire. Toutes les routes durant cette période restent impraticables », a souligné cet autre habitant.
Pas plus tard qu’hier une femme a perdu la vie, pendant son accouchement. Car l’ambulance qui l’acheminait au poste de santé ne pouvait pas terminer le trajet, vu l’état de la route.
Entre espoir et scepticisme
En outre, c’est une myriade de problèmes que vit Kamatane. C’est une zone qui, du reste, manque de tout. Une agglomération de 15 villages et 2 hameaux, seuls trois villages sont électrifiés.
Même si les choses ont commencé à bouger ces derniers temps, concernant ce volet. Mercredi dernier une rencontre de haut niveau s’est tenue entre les habitants et les responsables du projet. Et selon certaines indiscrétions les travaux devraient démarrer dès la fin de l’hivernage.
La salinisation des sols reste aussi un point nodal des revendications. La remontée du sel a fini par gagner presque toutes les terres cultivables de la zone. A ce problème, les habitants préconisent la construction d’une digue anti-sel.
En définitive, Kamatane a, aujourd’hui plus que jamais, besoin d’une oreille attentive à ses cris de détresse. Si rien n’est fait, autant le dire, l’on assistera à une mort lente de cette contrée. Pourtant si riche en ressources. Pourvu que les complaintes remontent au plus niveau de l’Etat.