Source RFI

La campagne officielle pour le référendum constitutionnel du 17 décembre 2023 débute ce 25 novembre au Tchad. Le texte, adopté en juin par le parlement de transition, reprend l’architecture consensuelle de la loi fondamentale de 1996, et sur la question centrale de la forme de l’État, promet une décentralisation avancée plutôt qu’un fédéralisme. Le gouvernement promet que chacun sera libre de faire campagne, mais a engagé les moyens de l’État pour mobiliser pour le «oui». Les opposants au texte, pour leur part, prôneront l’abstention, tandis qu’un acteur clé tarde à faire connaître sa position.

Oubliée, la proposition du dialogue national de mettre au vote une question sur la forme de l’État, unitaire ou fédérale : le gouvernement a tranché et c’est donc sur la formule unitaire que se prononceront les électeurs tchadiens le 17 décembre. Un choix dénoncé par l’opposition comme une « violation flagrante de la lettre et de l’esprit » du dialogue national inclusif.

Certains avocats du fédéralisme n’ont pas hésité à changer leur fusil d’épaule pour défendre ce texte, dont les autorités affirment qu’il propose pour la première fois une réelle décentralisation, avec la mise en place de collectivités autonomes disposant de finances pérennes et d’une fonction publique territoriale.

La campagne du « oui » sera menée par le premier ministre Saleh Kebzabo, à la tête d’une coalition hétéroclite de 230 partis et 45 mouvements signataires, dont l’objectif est de mobiliser massivement les populations afin d’obtenir une forte participation et de légitimer le texte et le processus de transition.

Les opposants au texte prônent l’abstention

Plutôt que le « non », les mécontents appellent pour leur part à l’abstention, dénonçant cette constitution et surtout l’organisation du referendum contrôlée de bout en bout par le gouvernement plutôt que par une autorité indépendante. La méthode d’enrôlement de 900 000 électeurs supplémentaires les a notamment interpellés.

Parmi les abstentionnistes, on trouve le premier chef de gouvernement de la transition, Albert Pahimi Padacké, ainsi que les mouvements ayant refusé de s’associer au dialogue national.  

L’opposant le plus en vue, Succès Masra, n’a lui pas encore fait part de sa position, mais revendique de pouvoir « faire des choses contre-intuitives », ce qu’il pourrait préciser lors de prochains déplacements à Moundou et Abéché. Ses contempteurs l’accusent d’avoir accepté de se tenir en retrait du sujet référendaire pour obtenir de rentrer au pays début novembre.