Le décret présidentiel est publié depuis hier : la quatorzième législature sera installée le 12 septembre à 10 heures. Au total 165 députés siègeront à l’hémicycle. Benno Bokk Yakaar, Yewi, Wallu Sénégal, Aar Sénégal et la coalition les serviteurs, telles sont les formations qui seront représentées à l’Assemblée nationale. Parmi ces nouveaux élus, trois sont très attendus par une majorité de la population : il s’agit de Guy Marius Sagna, Thierno Alassane Sall et Pape Djibril. Tous les trois sont des novices, qui ont quand même réussi à se faire distinguer ; chacun à sa manière. Des sauts qui risquent bien d’être chauds, pense-t-on déjà.

Tous trois sont très critiques envers l’actuel régime. Ils ont également en commun la prise en compte des préoccupations des populations. Cependant ce trio de novices avait chacun sa propre marque pour faire dans la dénonciation et porter la voix du peuple. Et comme pour mieux les conforter dans leur logique, le peuple leur a rendu la pièce de la monnaie, au soir de ce 31 juillet 2022. Ils sont tous élus députés. Quel autre lieu idéal pour mieux porter les causes de la plèbe que l’Hémicycle ?

Guy Marius Sagna (Gms), Thierno Alassane Sall (Tas), Pape Djibril Fall (Pdf) : c’est un nouveau boulevard qui leur est ouvert par les électeurs pour marquer l’histoire à la place Soweto ; ceci, du fait de leurs trajectoires respectives.

Guy Marius Sagna : lui c’est le « boy » du peuple. C’est lui-même qui s’est ainsi défini, juste après son élection. En wolof avait-il dit : « Sén Mbindan la » (je suis votre bonne ménagère, boy ou serviteur). Bien évidemment, on ne peut pas le lui refuser. Ce nouvel élu est de tous les combats pour la cause et l’unique cause du peuple. Difficile de le contester. Cet activiste est de tous les combats.  Qui lui ont d’ailleurs, valu des va-et-vient incessants entre les champs de combats, les « violons » et la prison.  Depuis presque le deuxième ou second magistère du Président Sall, cet activiste est sur tous les fronts, dans toutes les batailles pour défendre les intérêts du pays. C’est ainsi que Gms est devenu le porte-étendard du fameux slogan « Frapp France dégage » qui, comme une cicatrice lui colle à la peau. Infatigable homme de terrain, de Sédhiou à Dakar (il a été muté de Sédhiou à Dakar, pour avoir dénoncer le détournement des ressources de l’hôpital où il officiait en tant que travailleur social) et partout ailleurs où des travailleurs se sont sentis frustrés ou exploités. Il suffit juste de l’appeler pour le voir rappliquer dare-dare.

Dans les médias en général, cet ancien militant du collectif « non aux APE », avec la verve qu’on lui connait, s’est tout le temps attaqué aux injustices. Les faits le retracent à suffisance. Mousquetaire, Gms l’est donc.

Thierno Alassane Sall (Tas) : il avait soulevé une « rébellion » au sein du « Macky ». Qui lui a couté sa très stratégique fonction de ministre de l’énergie et du développement des énergies renouvelables, par « démission ». De lui, un proche a décrit : « Thierno Sall est une métaphore humaine de l’insoumission ». Ce qui campe au mieux la personnalité et le caractère de l’homme. Membre fondateur de l’Alliance pour la république (APR), par ailleurs coordonnateur de la convergence des cadres républicains, il démissionne du gouvernement de Macky Sall, en 2017. A cette époque, il avait refusé de signer un contrat d’exploitation du pétrole et du gaz avec le groupe français Total. Il jugeait ce contrat contraire aux intérêts du Sénégal. Après avoir claqué la porte du gouvernement, il créa son parti : la République des valeurs. Depuis cette date, « les valeurs de la République » en bandoulière, l’ingénieur en télécommunications n’a sans cesse arrêté de décrier certaines dérives du régime en place. La réduction des salaires des chefs d’agence de 14 millions à 5 millions de francs CFA est aussi à son actif, lors de son passage à la tête de l’ARTP. Ce qui avait suscité l’ire des « amputés ». Pourtant il avait commencé par « s’amputer » lui-même   Ce qui fait de Tas une voix discordante de plus, pour ne pas dire un « mousquetaire », pour certainement porter le faix.

Pape Djibril Fall (Pdf) : il s’est révélé aux Sénégalais à travers ses chroniques, acerbes et populistes, dans l’émission « Jakaarlo » de TFM. Elu député, le journaliste qui a toujours axé ses critiques sur certaines dérives du régime en place et des préoccupations quotidiennes des sénégalais. « Reporter » des préoccupations populaires, PDF, comme le nomment affectueusement ses camarades cestiens, porte le lourd fardeau de devoir traduire ses dires en actes. Et les sénégalais en le portant au pinacle seront certainement beaucoup regardants sur lui. Tellement avant d’aller à la place Soweto, l’enfant de Thiadiaye a convaincu de par sa rigueur dans les analyses sur des sujets d’intérêt général. Le dernier acte posé par PDF, juste après son élection c’est sa descente à l’hôpital de Mbour pour s’indigner contre les conditions des malades et celles des travailleurs. Ainsi donc, les sénégalais attendent la confirmation de toute cette intégrité dont ce « mousquetaire » a fait, jusque-là, montre.

C’est dire que la logique voudrait que ces trois « mousquetaires » mandatés par le peuple soient les voix des sans voix. Il est de leur devoir de servir le peuple et non de se servir de lui. Car ils ont placé la barre de l’éthique et de la probité politique très haute. C’est fort de leur conviction et autres combats contre l’injustice qu’ils ont été portés au Parlement.

En somme, plus que tous les autres élus, eux sont attendus pour être des « représentants spéciaux du peuple » ; surtout qu’ils ont tous réaffirmé leur ancrage dans l’opposition.