Son apparition est signalée au nord et au centre-est du pays, plus précisément à Podor et Koumpentoum. Et en une semaine le Sénégal a enregistré quatre malades et un mort, du fait de cette nouvelle fièvre. D’où la nécessité de connaître son mode de transmission, entre autres symptômes, pour faire face.

Dans un entretien avec des confrères de la place, le Professeur Massamba Sylla, enseignant-chercheur à l’Université Sine Saloum Elhadji Ibrahima Niass (USSEIN), a donné une définition de cette maladie : Elle est « transmise par des tiques à l’homme et aux animaux domestiques et sauvages. Elle représente une réelle menace de santé publique et vétérinaire. L’agent infectieux responsable de la maladie est un virus du genre Nairovirus de la famille des Bunyaviridae ».

Et l’enseignant-chercheur de renseigner que cette maladie « a été décrite pour la première fois chez des soldats et des fermiers de Crimée Occidentale, d’où son nom de Fièvre hémorragique de Crimée, en 1944. Mais en 1956, un virus nommé Congo était isolé chez un enfant fébrile au Congo belge (actuelle République Démocratique du Congo). En 1969, il a été démontré que les virus à l’origine des maladies observées en Crimée et au Congo étaient identiques. Le virus était alors nommé Virus de la Fièvre Hémorragique de Crimée-Congo (VFHCC). Elle a depuis été décrite en Europe, en Asie et en Afrique où elle est endémique dans de nombreux pays. De plus, des cas humains sporadiques ont été rapportés en Europe Centrale, en Iran, au Pakistan et en Afrique du Sud, en 2001 ». Un historique qui peut amener à se demander s’il n’y a pas de charge idéologique derrière la dénomination de cette maladie, qui effraie après Ebola et le Coronavirus.

 Quant à son mode de transmission, le Professeur Sylla reste formel : « La maladie est transmise par certaines espèces de tiques aux ruminants domestiques et sauvages, et même à l’homme chez qui elle se manifeste avec un fort taux de mortalité. La létalité s’établit autour de 30 %, la mort survenant au cours de la deuxième semaine de la maladie. Pour les malades ayant survécu à l’infection, l’état général commence à s’améliorer à partir du neuvième ou dixième jour après l’apparition des symptômes. »

Par ailleurs de l’avis du spécialiste en entomologie médicale la maladie est causée par la piqure d’une tique infectée du virus et que : « les premiers symptômes de la maladie se manifestent en général au bout d’un à trois jours, pouvant aller jusqu’à neuf jours au maximum. Si par contre l’homme contracte la maladie en touchant du sang ou des tissus contaminés, les symptômes apparaissent au bout de 5 à 6 jours, mais la période d’incubation, c’est-à-dire le temps qui s’écoule entre la pénétration du virus dans le corps de l’être humain et les premières manifestations cliniques de la maladie, peut aller jusqu’à un maximum documenté de 13 jours. L’apparition des symptômes est brutale. Le patient fait une fièvre, et commence à souffrir de myalgies (douleurs musculaires) et de vertiges. Des douleurs dorsales se manifestent, la nuque devient raide et douloureuse. Il souffre aussi de céphalées, et ses yeux deviennent sensibles et la photophobie s’ensuit. On observe parfois au début des nausées, des vomissements et un mal de gorge, s’accompagnant éventuellement de diarrhées et de douleurs abdominales. Les jours suivants, le patient peut présenter de brutales sautes d’humeur et parfois de la confusion et de l’agressivité. Après deux à quatre jours, la somnolence, la dépression et la lassitude remplacent l’agitation et les douleurs abdominales viennent se localiser dans le quadrant supérieur droit, avec une hépatomégalie à la palpation (augmentation du volume du foie). »

Cependant l’espoir est permis. Puisque le Pr Sylla souligne que pour ce qui est du traitement « la ribavirine a été utilisée par voie orale ou intraveineuse et a montré des résultats satisfaisants ».

N’empêche, il y a à retenir que des espèces de tiques transmettant la fièvre Crimée-Congo sont « très présentes en zone soudanienne, de Kaolack à Tambacounda ». Alors, le meilleur moyen de guérir étant de prévenir les autorités devraient faire face à ce fléau en impliquant les mouvements associatifs, entre autres organisations de masse.