Son Premier ministre avait déclaré lundi dernier devant les députés que le mandat du président « est de 5 ans » et que « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ». Son patron Macky Sall n’a pas tardé à lui faire écho : en conséquence de ce qu’a rappelé Amadou Bâ, après bien d’autres, « il n’y a pas de débat juridique » qui se pose s’agissant de sa possibilité de participer à la Présidentielle de 2024. Ainsi donc candidater à sa propre succession ou pas, tout dépendra de sa « décision », désormais, sise entre les bornes de l’histoire et de la morale.  

« Il est clair qu’aujourd’hui, il n’y a pas de débat juridique [pour savoir s’il peut ou non se représenter]. Maintenant, que je sois candidat ou non, c’est ma décision. Quand je me déciderai, je le ferai savoir au peuple sénégalais » : ces propos recueillis par un journal américain sont du Président Macky Sall, qui séjourne présentement au pays de l’Oncle Sam. Ses propos ravivent du coup les braises d’un débat rallumé par sa réponse « normande » à l’époque : « ni oui, ni non ». Si en son temps, il n’avait pas référé à la Constitution qui a « ficelé » les mandats présidentiels au Sénégal, cette fois-ci c’est fait. Et puisque au sujet de sa candidature à sa propre succession tout dépendra de sa « décision », Macky Sall a déchargé le Conseil constitutionnel, seule instance juridique habilitée à dire si oui ou non il peut se représenter.

Les 7 sages mis hors circuit en direction de la présidentielle de 2024, Macky Sall tiendra-t-il compte dans sa « décision » de l’histoire : celle-là qui remontre à l’ancien président Abdoulaye Wade, qui avait mis le Sénégal sens dessus-dessous, à feu et à sang en 2012 en postulant pour un « 3ème mandat » avec la bénédiction du Conseil constitutionnel. Par ricochet, dans l’entendement du commun des mortels c’est pour que les drames occasionnés par la « décision » à l’époque de Me Wade ne se répètent que la Constitution actuelle avait voulu être « explicite » à ce sujet. Mais c’est comme qui dirait que son libellé contenait une clause-piège.

Outre l’histoire, le Président Sall se formalisera-t-il, également, de morale dans sa toute prochaine « décision » : cette valeur de chez-nous qui veut que l’autorité morale Macky Sall respecte sa parole, qu’il avait lâchée pour annoncer que le mandat entamé en 2019, après le premier de 7 ans, est son « dernier ». Sacré VAR !

Alors Macky Sall fondera-t-il sa « décision » de se représenter pour un « 3ème mandat » sur l’histoire et la morale ? C’est la nouvelle question de l’heure à propos de la présidentielle de 2024. Macky Sall entre histoire et morale, tel pourrait être son intitulé.

A D BADER