Le premier conseil des ministres du gouvernement d’Amadou Ba, de ce mercredi 28 septembre 2022 a été marqué par une information de taille. Qui certainement, a fait grincer des dents.  Le président Macky Sall a,  lors de cette rencontre donné instruction à Ismaila Madior Fall, nouveau ministre de la justice de trouver des solutions afin que des responsables politiques bénéficient d’une amnistie. Dès lors, l’on peut penser que les principaux futurs bénéficiaires seront Karim Wade et Khalifa Sall.  L’un comme l’autre après un séjour en prison avait perdu leurs droits civiques. C’est là  une sorte de réhabilitation, après moult rebondissements dans des procès dits politiques.

Ces deux ont connu une trajectoire tumultueuse à un certain moment de leur carrière politique. Le premier à savoir Karim Wade était accusé d’enrichissement illicite du temps de la gouvernance de son père Abdoulaye Wade. Le second Khalifa Sall, lui aussi était accusé de détournement à la mairie de Dakar. D’autres comme Abdoulaye Baldé, l’ex-maire de Ziguinchor était dans le collimateur de la justice. Monsieur Baldé même s’il n’a pas été jugé et condamné, a été convoqué, à des reprises devant la Cour de répression et de l’enrichissement illicite (CREI).

En considérant la nouvelle tournure que prennent ces évènements qui avaient tenu le pays en haleine. L’on est tenté de se posait la question : si le jeu en valait bien la chandelle ? Karim Wade, Khalifa Sall et même Abdoulaye Baldé étaient-ils des adversaires qu’il fallait écarter ?

 Karim Wade : avec tout ce vacarme qu’il y a eu autour des biens mal acquis ou de l’enrichissement illicite dont on accusait Karim Wade.  C’est finalement une loi d’amnistie qui est en vue pour disculper le fils de Wade et de toute autre personne se retrouvant dans le même cas. Une telle loi permettra illico presto au fils de Wade de recouvrer ses droits civiques. Et par conséquent, il pourra prétendre à un poste électif que lui privait sa condamnation de six ans, plus une amende de 138 milliards de francs Cfa et même un exil « forcé » au Qatar. A l’époque on avait même épilogué sur une supposée entente entre les deux parties pour que Karim quitte le pays. C’est le fameux protocole dont faisait état la presse sénégalaise.

Bien avant même ce rebondissement dont on a fait part ci-dessus, Karim Wade était le candidat naturel du Pari démocratique Sénégalais aux présidentielles de 2019. A cet effet, il a été investi par l’instance aux législatives de 2017, pendant qu’il était en détention préventive. Stratégie politique ou pas. L’on se rappelle des énergiques condamnations de ses frères de parti qui parlait d’un procès politique. « Depuis longtemps on veut empêcher un candidat, notre candidat, d’être présent à l’élection présidentielle », s’était insurgé Oumar Sarr. (Aujourd’hui ministre des mines et de la géologie).

L’Etat du Sénégal dans sa traque des biens mal acquis de Karim Wade dont l’instrument majeur était la CREI avait mobilisé de gros moyens financiers. Et ironiquement sur les plateaux de médias, certains analystes prétendaient que l’Etat a plus investi dans la commission rogatoire pour ne récolter que peu. En clair l’investissement pour retrouver les biens de Karim Wade dépassait largement les sommes recouvrées.

Pour rappelle Karim Wade était accusé d’avoir illégalement acquis des biens par le biais de montages financiers complexes. C’était du temps où il était conseillers puis ministre de son père, un patrimoine constitué de sociétés, comptes bancaires et propriétés immobilières, au Sénégal et l’étranger, et voitures de luxes. Mais le fils de Wade avait constamment nié les faits lui reprochés.

Khalifa Sall : c’était le tout puissant maire de Dakar, avec un capital sympathie chez une certaine frange des Sénégalais. Il avait donc la très stratégique capitale Sénégalaise en matière politique entre ses mains. Il avait catégoriquement refusait de rejoindre la mouvance présidentielle. Pendant que les caciques de sa formation politique le Parti socialiste : Ousmane Tanor Dieng, Aminata Mbengue Ndiaye et Sérigne Mbaye Thiam avaient déjà élu domicile dans la coalition BBY. Une position de l’ex-maire de Dakar qui n’était pas vue d’un bon œil par ses ainés et la mouvance présidentielle.

Ainsi débuta une campagne de dénigrement contre Khalifa Sall dans la gestion de la mairie de Dakar.

En effet, l’ex-maire de Dakar était soupçonné par le pouvoir public d’utiliser à d’autres fins, entre 2011 et 2015, la caisse d’avance. Celle-ci représente une enveloppe mensuelle de 30 millions francs Cfa. Dans un rapport de l’inspection générale d’Etat (IGE), celle-ci mettait en cause la probité des factures pour justifier l’affectation des sommes. «  Je conteste formellement avoir jamais détourné le moindre denier public. Je suis un ordonnateur de crédits et non un comptable public, de sorte qu’il ne peut m’être demandé la production de justificatifs de dépenses », s’était vigoureusement défendu, à l’époque Khalifa Sall. Ses déclarations, en conférences de presse et autres ne lui avaient pas tiré d’affaire. C’était sans compter avec la détermination du camp d’en face.

Ainsi donc, le décor était campé pour intenter un procès contre Kalifa Sall. Et la suite se passe de commentaires. Celui qui était désigné par certains de ses frères de parti comme un frondeur fut inculpé pour détournement de deniers publics, faux usages de faux, association de malfaiteurs.

 A l’issue d’un procès qui aura duré deux mois et demi, Khalifa Sall fut condamné à cinq ans de prison ferme. Une décision qui l’avait écarté des législatives de 2017 et des présidentielles de 2019. Ce que ses partisans avaient assimilé à une détention politique.

Après avoir purgé la moitié de sa peine, Khalifa Sall va recouvrer sa liberté par grâce présidentielle, ce dimanche 29 septembre 2019. C’est ainsi qu’a pris fin l’affaire Khalifa Sall.

En ce moment, l’amnistie de ces deux hommes et non des moindres occupe tout un pan de l’actualité. Des interprétations et des commentaires sur cette évocation du Président Macky Sall d’amnistier Khalifa Sall et Karim Wade fusent de partout, notamment chez les observateurs et analystes. Cependant, un simple constat des faits prêtent à dire que ces deux hommes ont été en prison pour des raisons politiques. Abdoulaye Baldé l’ex-maire de Ziguinchor, puissant directeur exécutif de l’ANOCI est depuis hier directeur général de l’Apix. Pourtant lui aussi faisait partie des accusés de bien mal acquis. Oumar Sarr, ex-numéro deux du parti démocratique Sénégalais partage à présent, tous les mercredis, la même table avec  Macky Sall au conseil des ministres. Maintenant attendons voir avec l’amnistie.