Il le surnommait déjà « Serigne Ngoundou »… C’est la dernière ligne droite : les Sénégalais votent dans quatre jours, le dimanche 17 novembre 2024, histoire d’envoyer une bande de joyeux drilles et de drôles de rigolos au Parlement. Manifestement, c’est le deuxième tour de la présidentielle qui arrive au petit trot… On apprend dans la foulée qu’Anta Babacar Ngom se comporte comme un loubard de banlieue et qu’une plainte lui tombe sur son joli minois avec les compliments de PASTEF. Je m’en doute un peu qu’elle soit dangereuse : enfant, c’est un boa son animal de compagnie dans la nature sauvage où elle gambade loin de toute civilisation. Elle pourrait décapiter un coq d’un coup de dent ? Faut faire gaffe, elle est peut-être en plus ceinture noire de karaté… Quant à Barthélémy Dias, qui joue les Boy Dakar, selon le candidat Ousmane Sonko, c’est encore pire : sa petite armée et son arsenal ont de quoi effrayer même le plus aguerri des rebelles… D’ailleurs, selon Barth, le maire de Dakar, au début des affaires troubles qui secouent le pays en 2021, Ousmane Sonko est venu chez lui tout larmoyant, sous prétexte que ce gangster de Macky Sall le menace de faire incendier sa cabane de la cité Keur Gorgui. Calmos, quand on a Barth à ses côtés dans Dakar, autant jouer « Officier n’a pas peur » lui dira celui qui n’est alors que maire de Baobabs, Sacré-Cœur et Mermoz. Il lui aurait même « appris des choses ». Entre Nègres, on se comprend… C’est le « Dômi ndèye » Barth, d’ailleurs, qui l’accompagne quand il doit aller répondre à la justice, dans les affaires Adji Sarr et Mame Mbaye Niang.

Bref, ils seront comme cul et chemise, à tel point que lorsque Yèwwi Askan Wi va à l’assaut des locales, quand Khalifa Sall propose Soham Wardini, Ousmane Sonko, du haut de ses 15 % de la présidentielle de 2019, impose son « frère d’une autre mère » Barthélémy Dias. Alors que PASTEF, ou plutôt lui, le tout-puissant PROS, doit s’emparer de la citadelle dakaroise, qui est l’antichambre du Palais de l’avenue Senghor, à quelques centaines de mètres de ses ambitions présidentielles. Grave faute politique que PASTEF ne finit pas de payer… Bref, il est aujourd’hui question entre eux de s’étriper et Ousmane Sonko, dans le style du matamore qui le caractérise, déclare la guerre à son ancien allié, en comptant sur la diligence des forces de l’ordre, après avoir pointé du doigt le manque d’autorité du chef de l’État parti à Ryad débattre des affaires israélo-arabes pendant que son pays prend feu. Rien de nouveau sous notre ciel, il le surnomme déjà « Serigne Ngoundou »… Sauf que quand un Premier ministre appelle à la violence, ça fait le tour de la planète : les agences de presse en ont fait leurs choux gras et dans le monde entier, les chancelleries se demandent ce qui arrive au Sénégal pour qu’il marche sur la tête… Tiens, ça tombe bien, le FMI, qui regarde à la loupe les chiffres que présente le Sénégal depuis les fracassantes révélations de son chef de gouvernement, lequel révèle que son administration est un temple de faussaires, eh bien, le FMI, donc, suspend tout versement à juin 2025, le temps que la Cour des Comptes certifie les chiffres. Moi, je serais du FMI, dans la foulée, je ferais aussi certifier ISO 9000 la Cour des Comptes, le Conseil Constitutionnel, le Gouvernement et le chef de l’État. Sait-on jamais ? Est-ce donc pour cela que l’Union européenne est devenue une vierge effarouchée ?

Les sempiternels accords de pêche ne seront pas renouvelés et la coopération se met en mode sommeil à compter du… 17 novembre. Comme le hasard est curieux ! Tout ceci ne nous explique pas comment nous en sommes arrivés là. Mais cette semaine, il y a un début d’explication sortie du taiseux Amadou Bâ, devenu politicien en campagne, donc très bavard… Dans un entretien, la tête de liste de Jàmm Ak Njariñ explique que durant la présidentielle de mars 2024, lorsqu’il annonce que l’affaire Sonko serait jugée dans les cent jours qui suivraient son installation, juste après, il reçoit un appel du président Macky Sall qui comprend qu’il a l’intention, une fois élu, de nommer Ousmane Sonko Premier ministre… Bien sûr, ça tombe sous le sens : Amadou Bâ et les garnements de PASTEF sont en cheville depuis 2014 ; il est leur âme damnée, leur taupe, leur candidat… Ce serait l’une des raisons pour lesquelles, après 2019, Amadou Bâ quittera l’attelage gouvernemental. C’est déjà suspect, quelques années auparavant, lorsqu’il est question de licencier le turbulent syndicaliste Ousmane Sonko de la Fonction publique, qu’Amadou Bâ, ministre des Finances, le déconseille au Président, pour éviter d’en faire un martyr. Une simple sanction au pire, au mieux, une affectation hors de Dakar ferait l’affaire, lui conseille-t-il. C’est louche, quand on sait qu’Amadou Bâ est celui qui demande la main d’Anna Diamanka, la plus célèbre du harem… Macky Sall sera intraitable. Ainsi démarre l’aventure Sonko… Il faudra que du beau monde se déploie pour que l’ancien ministre des Finances, en disgrâce après un exil aux Affaires étrangères, revienne dans la cour du Prince. Macky Sall, au fond, ne lui fait pas vraiment confiance lorsqu’il en fait son candidat pour la présidentielle de 2024. Il faut aussi reconnaître qu’il renonce à présenter sa troisième candidature de mauvaise grâce… Ça en fait beaucoup pour une seule tête ? À partir de là, tout part en couilles : Karim Wade, Ousmane Sonko et… lui-même hors-course, le Conseil constitutionnel devient vénal, et le pays est au bord de l’implosion. Et donc, report d’élection, amnistie générale pour les crimes commis depuis 2021 avec en prime l’élargissement d’Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye.

Le fameux « Protocole du Cap Manuel » dont tout le monde parle mais que peu de personnes ont vu, est la dernière pièce du puzzle qui va se rassembler le 17 novembre 2024. La vérité des vainqueurs n’est jamais la même : à quel Sénégal se fier, dès le 18 novembre 2024 ?