Les nouvelles autorités n’ont pas tenu longtemps avant de faire face à leur premier scandale. Moins de trois mois après leur arrivée au pouvoir, le nouveau régime a enregistré sa première arrestation, celle de l’activiste Bah Diakhaté. Ce dernier a été arrêté par la Division des Investigations Criminelles (DIC) suite à des propos tenus à l’encontre du Premier ministre Ousmane Sonko. “J’ai reçu la visite d’agents de la DIC dirigée par Adramé Sarr. Je tiens à informer l’opinion nationale comme internationale que je suis entre les mains de la police. Je ne suis ni malade, ni souffrant”, a-t-il déclaré lors de son interpellation.

Cette arrestation a suscité de vives réactions chez les observateurs, parce que les nouveaux dirigeants avaient toujours critiqué l’arrestation de leurs partisans lorsque ces derniers attaquaient violemment l’ex-Président Macky Sall. Beaucoup de Sénégalais espéraient que l’arrivée au pouvoir du PASTEF signifierait la fin des interdictions de manifestations et des arrestations pour propos virulents contre les autorités.

L’ex-conseiller spécial du Président Macky Sall, Oumar Sow, et Fatoumata Ndiaye, alias “Fouta Tampi”, ont manifesté leur soutien à Bah Diakhaté en se rendant devant les locaux de la DIC. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes se sont étonnés du motif de l’arrestation, car selon des spécialistes du droit, le délit d’offense au Premier ministre n’existe pas au Sénégal. Bah Diakhaté a reçu l’assistance des avocats Me El Hadji Diouf et Me Amadou Sall.

Le journaliste Madiambal Diagne a également réagi, estimant “qu’il est trop tôt pour faire des martyrs”. Il a rappelé que Bah Diakhaté “n’a assurément pas dit le quart de ce que Ousmane Sonko disait de Macky Sall, qui, lui, était président de la République et protégé par sa fonction. L’offense au Premier ministre n’existe pas encore dans le Code pénal sénégalais”, a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter).

Cette situation met en lumière une contradiction dans la posture du nouveau régime, notamment par rapport à la liberté d’expression et la tolérance des critiques. L’arrestation de Bah Diakhaté pourrait bien marquer un tournant dans la perception publique du gouvernement PASTEF et sa gestion des opposants.

Aminata DIEYE