Le rappel à Dieu de Mamadou Moustapha Ba ancien ministre des finances aura suscité une vive émotion au sein de l’opinion publique. Normal puisque l’homme a été au cœur de nos stratégies de développement et de protection sociale ces vingt dernières années. Cadre émérite, spécialiste des questions économiques et financières, ce technocrate accompli et serviable abhorrait pourtant les spotlights incandescents de l’actualité. Ce n’était pas le genre à accorder des interviews en veux-tu en voilà ou encore à rouler les mécaniques pour impressionner son monde comme le font souvent ces politiciens professionnels réputés pour leur grandiloquence et leur tendance atavique au m’as tu vu…Ce qui en disait long sur l’humilité de cet ancien pensionnaire de l’ENEA à la dégaine de jeune premier et à la bonhomie contagieuse. Exemple d’engagement républicain, il avait littéralement plongé dans cette mare politique agitée suite à sa nomination au poste stratégique de ministre des finances par Macky Sall Leader de la galaxie Apr/ Benno.
Avec le recul, on se rend compte qu’il l’avait fait presque contraint et forcé tant ce profil policé au regard typique et perçant n’était pas calibré pour des joutes politiciennes où le discours est souvent aux ras des pâquerettes. Ce n’était assurément pas un politicien au sens négatif du terme. Pour sûr, ce n’était pas sa tasse de thé. Justement Moustapha Ba transcendait les clivages politiciens d’autant qu’il avait fini de gravir tous les échelons de l’administration financière.Ancien enfant de troupe et donc formé à bonne école, cette casquette lui permettait visiblement de traverser les contradictions partisanes pour s’élever et agir en soldat de la nation, toujours au taquet pour assurer la consolidation des grands équilibres macro-économiques et mener la barque Sénégal vers des lendemains enchanteurs. Son riche parcours et sa trajectoire rectiligne en attestent largement. Personnellement j’ai été séduit par cette vidéo où il expliquait avec une technicité teintée de sagacité le montage financier de ce Train express régional ( TER) qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Dans ce pays où l’émotion et la passion démesurée l’emportent souvent sur la froideur et la rigueur de l’analyse, Moustapha Ba passait quelque part pour un ovni, sorte d’idéaliste de la gestion publique.Une attitude qui frisait quelque part l’angélisme !Beaucoup avaient subitement découvert Bosquier lorsque le Président Macky Sall l’avait nommé ministre des finances en 2022.
Pourtant il avait longtemps bourlingué dans les méandres de l’administration avec ́notamment une assez longue carrière comme directeur du budget, un poste stratégique s’il en est; la cheville ouvrière du ministère des finances…Ce qui témoignait de sa discrétion et de son sens élevé de l’Etat.L’homme appréhendait la sacralité des missions de cette puissance publique en charge d’assurer aux Sénégalais une sécurité financière et un panier de la ménagère assez garni.Pour autant, le décès de celui que ses partisans appellent trivialement l’Almamy des finances est l’occasion de sorties publiques controversées.Il faudrait dénoncer avec énergie cette vaine tentative de récupération politique constatée tant du côté de l’opposition que du pouvoir en place. C’est tout simplement indécent et contre-productif d’autant que Moustapha Ba était plutôt un Sénégalais intégral qui a servi son pays avec passion et rigueur sans aucune arrière- pensée de type politicien.
De ce point de vue, nous devons saluer sa mémoire avec élégance et retenue car tout ce qui est excessif est insignifiant. Il faut renvoyer les agitateurs publics à leurs chères études pour ne pas dire dans les cordes. En travailleur acharné et inspirant, Moustapha Ba est donc parti laissant derrière lui des leçons de vie avec en toile de fond un souvenir impérissable marqué notamment par son sens aigu et élevé de la République. C’est le legs le plus important laissé à la postérité.