Au cœur de l’économie, on retrouve le système bancaire à travers son réseau d’implantation qui concourt au financement des entreprises et des unités économiques. En 2021, le système bancaire comptait 31 établissements de crédits agréés par la banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).Au dernier recensement général des entreprises (RGE) en date de 2016, on comptait 407 882 unités économiques sur le territoire national avec une très forte concentration des unités économiques dans la région de Dakar.À la fin de l’année 2023, le bulletin trimestriel sur les nouvelles immatriculations au NINEA (BTNIN) faisait état de 27 674 nouvelles unités économiques.

Le NINEA constitue pour les entreprises ce que représente la carte d’identité nationale pour les personnes physiques. Il est le numéro d’identification nationale des entreprises et des associations (NINEA). Adopté en 1986 par le décret numéro 86-1014, cet identification est considérée comme le référent unique des unités économiques exerçant une activité au Sénégal comme les associations, les syndicats, les partis politiques, les organisations non gouvernementales, etc…La région de Dakar occupe 55,3 % des nouvelles immatriculations enregistrées au dernier trimestre de 2023. Elle est suivie par les régions de Thiès avec 12,4 %, de Diourbel avec 8,2 %, de Ziguinchor à 5 % et enfin de Kaolack à 4,7 %.Les régions à l’intérieur du pays sont à la fois embarquées par les activités économiques des secteurs primaires et secondaires.Le secteur primaire constitué de l’agriculture, l’aviculture, la pêche, l’élevage, les forêts, les mines et gisements, contribue à la création de la richesse dans l’économie nationale. Sa contribution de 15,7 % au produit intérieur brut (PIB) pourrait connaître une pondération plus importante compte tenu du potentiel agricole, halieutique et pastoral dont regorge le pays.

Une exploitation maximale de ce potentiel garantirait une souveraineté économique et une sécurité alimentaire. Les soixante quatre dernières années d’accès à l’indépendance n’ont malheureusement pas permis au pays de s’assurer une autosuffisance alimentaire aussi bien en riz consommé à des millions de tonnes chaque année ainsi que bétail commandé par milliers lors des différentes fêtes traditionnelles.Quant au secteur secondaire, il s’aligne en légère hausse du secteur primaire et contribue à 24,7 % du PIB en 2021 (données de la Banque Mondiale). La faible part du secteur secondaire constitué des activités extractives, des produits agroalimentaires et chimiques, de la construction, dénote le vieillissement du parc industriel ainsi que l’absence de champions nationaux dans la transformation des produits issus du secteur primaire. Les partenaires étrangers disposant d’une force financière en profitent pour s’engouffrer dans les brèches et s’accaparer les ressources naturelles des populations indigènes.

Les ressources extraites des terres indigènes sont ensuite acheminées à l’étranger dans les grandes usines avant de revenir sous une forme transformée en produit fini prête à la consommation. Comment s’étonner de la cherté du coût de la vie si l’essentiel dès denrées de premières nécessités sont produites à l’extérieur du pays ?L’analyse sectorielle de l’ANSD réalisée en 2022 a révélé la vétusté des équipements industriels s’établissant à 34,8 % et des équipements du BTP à 46,5 %. Le taux de vétusté comptable est mesuré par le rapport entre les amortissements cumulés et les immobilisations brutes amortissables.Une véritable politique de restructuration du parc industriel conjugué à une volonté sincère des dirigeants politiques permettraient : – de booster l’économie nationale- de réduire le chômage notamment celui des jeûnes grâce la création de milliers d’emplois- de réduire la pauvreté dans les régions à l’intérieur du pays et ainsi freiner l’exode rural vers la capitale qui souffre d’asphyxie.À la suite de cet inventaire de la situation ci décrite, nous nous permettrons de faire ces quelques recommandations : Dépolitiser les organismes de promotion à l’emploi notamment des jeunes gangrenées par le clientélisme politique.

L’égalité des citoyens au sens de la constitution devrait être le facteur déterminant dans les critères de sélection des dossiers ou des profilsRenforcer les compétences et créer des opportunités pour promouvoir l’emploi des jeunes. Des assises de l’éducation devront permettre de revoir les programmes d’enseignement, de manière à adapter l’offre de formation au besoin réel du marché de l’emploi.Réduire l’échec scolaire et l’abandon précoce de l’école Par une approche holistique, encourager la formation professionnelle et l’acquisition de compétence technique et professionnelle, l’auto-formationOrienter les structures et les programmes de création d’emploi à davantage soutenir le secteur informel par la mise sur pied d’un fonds de garanties doté de moyens permettant de faciliter le financement ou l’accès au crédit des bana- banas et ainsi booster l’entrepreneuriat des jeunes.Rapprocher les structures de formation, de création d’emploi et d’insertion socioprofessionnelle auprès des populations ; Créer des commissions d’orientation et d’accompagnement. Ces commissions devront être des antennes de proximité présentes dans les communes, dans les quartiers en s’appuyant sur les associations sportives de club et culturel (ASC)Décentraliser les agences de formation et de promotion de l’emploi à l’échelon national en valorisant le potentiel agro-pastoral. Ceci permettra non seulement de disposer d’une main d’œuvre qualifiée et déjà sur place mais, aussi de freiner le phénomène de l’exode rural notamment vers la capitale. D’après le dernier recensement (ANSD), la ville de Dakar représente 547 mètres carrés soit 0,28 % du territoire national avec une concentration de population de près de 22 % de la population (3 896 564).

Pape Ndiamé GUEYE

Consultant en Finance