Le dernier rapport de Reporters Sans Frontières (RSF) met en lumière une situation alarmante pour les médias au Sénégal. Intitulé « Le journalisme sénégalais à la croisée des chemins », le rapport révèle qu’entre 2021 et 2024, plus de 60 journalistes ont été arrêtés, agressés ou détenus. Durant cette période, le Sénégal a chuté de la 49e à la 94e place au Classement mondial de la liberté de la presse de RSF.
RSF a recensé plus de 70 entraves au travail des journalistes, incluant 34 attaques physiques et la confiscation de matériel professionnel, principalement lors de manifestations. Au moins 15 journalistes ont été arrêtés sous des accusations telles que la “diffusion de fausses nouvelles”. Les autorités précédentes ont également coupé l’accès à Internet à plusieurs reprises et suspendu des médias comme Walf TV, créant un précédent dangereux.
Pour contrer cette détérioration, RSF propose 30 recommandations, notamment la suppression des peines d’emprisonnement pour les infractions de presse, la protection des lanceurs d’alerte et la transparence des financements médiatiques. L’organisation appelle également à un soutien accru pour les médias de proximité et à l’adoption de pratiques certifiées par des initiatives comme la Journalism Trust Initiative (JTi).
L’arrivée au pouvoir du Président Bassirou Diomaye Faye, qui a promis de réformer le paysage médiatique, est perçue comme une opportunité de renouveau. RSF a déjà présenté son rapport au ministre de la Communication, Alioune Sall, qui s’est montré ouvert aux réformes nécessaires.
Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF, a souligné « la nécessité de protéger les journalistes, de garantir la transparence des médias et de lutter contre la désinformation pour restaurer le statut du Sénégal en matière de liberté de la presse et renforcer la démocratie. »
Aminata DIEYE